Honorez les parents que Dieu vous a donnés (Marshall Segal)

Honore ton père et ta mère afin de vivre longtemps dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne. (Exode 20.12)

Pourquoi Dieu, avec toutes les possibilités imaginables à sa disposition, a-t-il décidé de créer et de nourrir une nouvelle vie par l’intermédiaire de parents ? Pourquoi nous mettrait-il au monde par l’intermédiaire d’un père et d’une mère ?

Comme pour tout ce que Dieu fait, il a de nombreuses raisons (et la plupart d’entre elles nous sont inconnues, du moins pour l’instant). La Genèse nous donne peut-être la raison la plus importante et la plus profonde de toutes : « Dieu dit : “Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance !” » (Genèse 1.26). Et deux versets plus loin : « Dieu les bénit et leur dit : “Reproduisez-vous, devenez nombreux, remplissez la terre.” » (Genèse 1.28). La parentalité trouve son modèle en Dieu lui-même. Une nouvelle vie naît de l’amour intense et intime entre un mari et une femme parce que la vie humaine a commencé à partir de l’amour intense et intime en Dieu. Il n’a pas créé l’homme et la femme à cause d’une quelconque déficience en lui. Il ne se sentait pas seul, ni dans le besoin, ni dans l’ennui. La vie était le débordement naturel de son amour.

Au sein de la Trinité, Dieu lui-même – Père, Fils et Saint-Esprit – était dévoué, enchanté et débordant de bonheur. Adam et Ève, et vous et moi, sommes le fruit d’un amour sans pareil. Par conséquent, Dieu, voulant nous rappeler profondément, voire inéluctablement, pourquoi il a créé le monde – pourquoi il nous a créés – a fait de nous le produit de l’amour (aussi brisé, immature ou imprudent qu’ait pu être l’amour de nos parents particuliers). Même lorsqu’ils ne parviennent pas à bien nous aimer (et à s’aimer l’un l’autre), les parents nous rappellent l’Amour meilleur, plus pur et plus fiable qui nous a fait. Dieu fait en sorte que les enfants lèvent les yeux vers leurs parents, pour un temps, afin que nous puissions voir bien au-delà d’eux jusqu’à lui.

Les parents sont un rappel vivant de la plénitude de Dieu, le genre de plénitude qui se répand dans la création. Et les bons parents, comme le père et la mère merveilleux que Dieu m’a donnés, sont des reflets particulièrement brillants de cette plénitude d’amour et de créativité. Cependant, les parents sont aussi une première occasion pour les enfants de recevoir l’autorité donnée par Dieu, de s’y soumettre et d’y obéir, une autre raison impérieuse pour laquelle Dieu a créé le monde – et la famille – comme il l’a fait.

Honorez votre père et votre créateur

Lorsque Dieu dit : « Honore ton père et ta mère », il dit aussi : « Me feras-tu confiance et te soumettras-tu à moi, à mon plan sage, souverain et spécifique pour toi, même si ce plan te semble difficile en cours de route ? »  Il a choisi le ventre de ta mère comme ta première demeure (Psaume 139.13), puis il a tissé des morceaux de tes parents pour former une nouvelle personne. L’apôtre Paul nous rappelle que Dieu « a fait en sorte que tous les peuples, issus d’un seul homme, habitent sur toute la surface de la terre, et il a déterminé la durée des temps et les limites de leur lieu d’habitation » (Actes 17.26) – et les enfants de qui nous serons.

Alors, voulez-vous prendre cet homme et cette femme, les parents qu’il a choisis pour vous, pour les aimer et les honorer aussi longtemps qu’ils vivront tous les deux ? Les enseignants viendront et partiront, les patrons seront embauchés et prendront leur retraite, les gouverneurs et les présidents seront élus et quitteront leurs fonctions, des nations entières se lèveront et tomberont, mais vos parents seront toujours vos parents. Parce que Dieu, avec littéralement des milliards d’options, a choisi cette mère et ce père pour vous. Alors, l’honorerez-vous en les honorant ?

Dieu relie ces fils d’honneur par l’intermédiaire du prophète Malachie : « Un fils honore son père, et un serviteur son maître.  Si donc je suis un père, où est mon honneur ? Et si je suis un maître, où est ma crainte ? » (Malachie 1.6) Son peuple était devenu peu empressé à lui rendre un culte, le traitant avec moins d’honneur que ses politiciens préférés (Malachie 1.8). Alors Dieu retrace la logique de l’honneur inscrite dans l’humanité : comme un fils honore son père, ainsi mon peuple doit m’honorer. Honorer nos parents est une image de notre relation à Dieu, et une préparation à celle-ci.

Honorer nos parents, c’est honorer Dieu, d’abord parce que Dieu nous a dit de les honorer, mais aussi parce que les honorer construit dans nos cœurs des canaux plus profonds et plus larges pour l’honorer.

« Père et mère » seulement ?

Mais lorsque Dieu appelle son peuple à honorer son père et sa mère, veut-il dire seulement père et mère ? Est-ce qu’il établit implicitement une trajectoire plus large, dans le cinquième commandement, de soumission et d’honneur dans la société ? La Confession de foi de Westminster, qui voit un monde de relations dans cette simple phrase, répond de cette façon :

Par père et mère, dans le cinquième commandement, il faut entendre non seulement les parents naturels, mais tous les supérieurs en âge et en dons, et surtout ceux qui, par l’ordonnance de Dieu, sont au-dessus de nous en position d’autorité, que ce soit dans la famille, l’Église ou la communauté.

Selon Westminster, le commandement « Honore ton père et ta mère » contient un principe qui s’étend à toute la vie à mesure que nous grandissons et mûrissons. En d’autres termes, « Honore toute personne que Dieu a placée au-dessus de toi ». Ce principe est valable dans le Nouveau Testament. L’honneur que nous témoignons à nos parents, les épouses chrétiennes le témoignent aussi à leurs maris dans le mariage (Éphésiens 5.22 ; 1 Pierre 3.1), les fidèles aux pasteurs dans nos Églises (Hébreux 13.17 ; 1 Timothée 5.17), et les citoyens aux dirigeants et aux autorités (1 Pierre 2.17). Plus généralement, l’apôtre Pierre nous demande d’« honorer tout le monde » – tout le monde (1 Pierre 2.17).

Si nous devons vraiment honorer tout le monde, en particulier ceux qui sont en position d’autorité par rapport à nous, les muscles et les instincts de cet honneur seront le plus souvent développés à la maison.

Devenir humain à la maison

Les parents sont donc notre première éducation à la soumission. Citant le cinquième commandement, l’apôtre Paul écrit aux enfants : « Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère. » (Éphésiens 6.1-2) Les parents sont notre première rencontre personnelle et tangible (et inévitable) avec le règne de Dieu sur nous. Obéirons-nous ou nous rebellerons-nous, nous soumettrons-nous ou défierons-nous, honorerons-nous ou mépriserons-nous ?

« Enfants, obéissez en tout à vos parents, car cela est agréable au Seigneur » (Colossiens 3.20). Dieu observe les enfants (même les enfants !), et chaque fois qu’il voit l’obéissance, le plaisir gonfle en lui. Imaginez combien nos enfants seraient plus motivés à écouter et à obéir, tout le temps et tout de suite, s’ils pouvaient sentir la chaleur de son cœur brûlant et voir l’éclat de son sourire incomparable. Imaginez combien nous serions plus motivés à persister à les discipliner si nous faisions la même expérience. La discipline est un moyen d’attirer nos fils et nos filles dans les délices inimaginables du ciel – dans les vagues écrasantes et sans fin de son plaisir.

Mais si nous refusons d’obéir à la maison (ou si nous ne sommes jamais disciplinés afin d’apprendre l’obéissance), nous serons d’autant plus susceptibles de désobéir aux dirigeants, aux patrons, aux pasteurs, et finalement à Dieu lui-même. Comme l’écrit Herman Bavinck :

Le devenir humain d’une personne se produit au sein du foyer ; c’est là que sont posées les bases de la formation du futur homme et de la future femme, du futur père et de la future mère, du futur membre de la société, du futur citoyen, du futur sujet du royaume de Dieu. (The Christian Family, 108 ; trad. La famille chrétienne)

Les graines de ce que nous devenons sont semées et nourries dans les tranchées de la relation parent-enfant. C’est pourquoi une grande partie du conseil aux adultes se concentre sur notre « famille d’origine » – en d’autres termes, sur notre relation avec nos parents.

La prise de conscience de l’influence profonde et inéluctable de nos parents sur nous peut engendrer au moins l’une des deux réactions suivantes : victimisme fataliste ou vigilance pleine de foi. Allons-nous continuer à blâmer nos parents pour tout ce qui ne va pas en nous, ou allons-nous considérer nos faiblesses comme des occasions de nous glorifier de la puissance de Dieu ? Allons-nous nous effondrer dans un apitoiement résigné sur le fait que nos parents n’étaient pas différents, ou allons-nous recevoir ce que Dieu a fait comme une invitation unique et personnelle à lui faire confiance, à le suivre et à l’honorer ?

L’honneur sera différent selon les relations, et l’honneur ne sera pas toujours ressenti comme tel par certains parents, notamment ceux qui nous ont blessés ou abandonnés.  Cependant, pour devenir véritablement humain, il faut apprendre à embrasser et à gérer (et parfois à endurer) toutes les providences de Dieu, y compris les providences très personnelles des parents.

Autorité temporaire, honneur durable

L’éducation que nous recevons en tant qu’enfants sous la direction de nos parents – apprendre à obéir et à se soumettre à l’autorité donnée par Dieu – est à la fois cruciale et temporaire.  Cruciale, pour les raisons décrites ci-dessus. Temporaire, parce que l’honneur de nos parents mûrira au cours de notre vie. Dieu a voulu que les enfants honorent leurs parents différemment des adultes.

Pour les adultes, j’ai entendu un conseiller chevronné faire la distinction entre honorer nos parents et obéir à nos parents.  Jésus nous appelle à toujours honorer nos parents ; il ne nous appelle pas à obéir à nos père et mère une fois que nous avons fondé notre propre foyer. Cette distinction (et cette transition) est en fait essentielle pour honorer sainement nos parents, surtout si et quand nous quittons un conjoint et nous attachons à lui : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils ne feront qu’un. » (Genèse 2.24) Pour honorer les parents comme Dieu le demande, un mari ou une femme doit les quitter comme Dieu le demande, établissant ainsi des lignes claires qui n’existaient pas auparavant.

Les parents reçoivent une autorité temporaire sur les enfants, mais ils sont dotés d’un honneur perpétuel. Quel que soit notre âge, notre maturité et notre indépendance, Dieu nous dit toujours :

Écoute ton père, lui qui t’a donné naissance !

Ne méprise pas ta mère quand elle est devenue vieille ! (Proverbes 23.22)

Si, en quittant notre père et notre mère, nous cessons d’écouter ou commençons à mépriser, nous ne les avons pas quittés comme Dieu le voudrait. Un véritable départ est essentiel à la fidélité lorsque nous vieillissons, mûrissons et nous marions, et un véritable honneur durable – écouter, estimer, célébrer, prendre soin, bénir – est tout aussi essentiel.

À ceux qui honorent bien

Puisque Dieu nous ordonne d’honorer nos parents, nous pouvons supposer que nous serons tentés de ne pas les honorer. Nous pouvons nous attendre à ce qu’honorer nos parents soit parfois difficile, déroutant et même douloureux. Si les parents étaient toujours faciles à aimer, nous n’aurions pas besoin de commandements pour les honorer. En tant que père relativement nouveau moi-même, je sais déjà que je ne serai pas toujours facile à aimer. Nous avons des commandements – honorer nos parents, pratiquer l’honnêteté, refuser la tentation sexuelle, refuser la convoitise et l’envie, aimer notre prochain – précisément parce que la fidélité ne sera pas naturelle, simple ou sans effort.

Parce qu’honorer nos parents sera souvent un défi, Dieu nous donne un commandement – et une promesse. Une fois encore, Paul répète le commandement :

Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère – c’est le premier commandement accompagné d’une promesse – afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre. (Éphésiens 6.1-3)

À ceux qui honorent leur père et leur mère, Dieu promet une vie, une joie et une sécurité que les autres ne connaîtront pas. Remarquez que cela ne concerne pas seulement l’Israël de l’Ancien Testament, mais aussi l’Église d’aujourd’hui. Paul fait revivre à la fois le commandement et la promesse. La terre promise, cependant, n’est plus à Canaan, mais dans les champs ouverts, sur les montagnes imposantes et le long des rivages immaculés d’une nouvelle terre – de nouveaux cieux et une nouvelle terre où Dieu vit (Apocalypse 21.1-3). Et nos âmes respirent cet air et goûtent ce plaisir dès maintenant, alors que nous traversons ce monde maudit et en ruine en Christ.

La promesse faite ici ne garantit pas que si nous honorons nos parents, notre vie terrestre (ou notre relation avec eux) sera nécessairement plus facile ou meilleure. Mais le fait d’honorer constamment nos pères et nos mères, surtout lorsque ce n’est pas facile ou confortable, prouve bien que nous sommes des enfants miraculeux – des enfants de la promesse, des enfants du ciel, des enfants choisis et précieux de notre Père céleste.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Honor the Parents God Gave You » du ministère Desiring God par Timothée Davi.