Et ils sauront que nous sommes chrétiens… à cause de nos souffrances (Dan G. McCartney)

Parfois, la souffrance gagne des gens. Sans doute parce qu’elle est une bonne manière de « soupeser » le vrai caractère d’une personne. Nous avons précisé plus tôt que la souffrance peut constituer une évaluation. Il est difficile de prétendre quoi que soit lorsqu’on souffre. Quand un incroyant voit de quelle manière un chrétien lutte avec Dieu, sans pour autant cesser de s’attacher à lui (même à travers la colère et les questionnements), cette constatation exacerbe son propre vide. L’incroyant n’a pas de contexte ni de raison de demander légitimement : « Pourquoi? » Bien que nos souffrances en Christ ne soient pas réellement rédemptrices pour autrui, elles le sont en quelque sorte du fait que nos souffrances exposent les souffrances de Christ, et peuvent donc être utilisées par Dieu pour toucher les incroyants.

Nos souffrances rendent témoignage de Christ

Pierre soulève ce point dans 1 Pierre 5.1. Il déclare être un témoin des souffrances de Christ. Ce verset constitue l’introduction à l’exhortation de Pierre aux dirigeants de l’église (1 Pierre 5.1-4), et on néglige souvent le fait qu’il vient immédiatement après son exhortation envers ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu afin qu’ils s’en remettent au Créateur fidèle en faisant le bien (1 Pierre 4.19). Ainsi, lorsque Pierre déclare être un témoin des souffrances de Christ, et un participant à la gloire qui sera bientôt révélée, il relie de nouveau les souffrances des gens avec celles de Christ. Je ne pense pas que Pierre fasse référence au fait qu’il a vu la crucifixion – le récit des Évangiles suggère que Pierre s’était enfui, et que Jean était le seul des Douze à avoir vraiment vu la crucifixion.

Pierre fait plutôt référence au fait qu’il rend témoignage aux souffrances de Christ. Il se peut même qu’il insinue qu’il a lui-même souffert, et qu’il est également un participant à la gloire (voir Romains 8.17). Quoi qu’il en soit, la recommandation voulant que ceux qui souffrent s’en remettent à Dieu (1 Pierre 4.19) doit être associée au témoignage évoquant les souffrances de Christ de 5.1, puisque « s’en remettre à Dieu » est exactement ce que Jésus a fait. Une telle confiance produit des fruits, parce que lorsque les autres voient cet écho de Jésus, le Saint-Esprit peut amener certains d’entre eux à mettre leur propre confiance en ce Créateur fidèle.

Nos souffrances sont utiles pour les autres

Nous devrions remercier Dieu de ce que les compagnies d’assurance ne couvrent d’habitude que des chambres à deux lits à l’hôpital parce que les non-chrétiens peuvent ainsi observer comment souffrent les chrétiens. Et les chrétiens, sachant que leurs souffrances sont observées, sont plus conscients de leur appel à souffrir d’une certaine manière. Je crois que nous pourrions argumenter qu’il s’agit peut-être d’une des manières les plus efficaces d’avoir un bon témoignage.

Ainsi donc, dans un certain sens, nos souffrances au nom de Christ sont souvent utiles non seulement pour notre propre croissance, mais pour la naissance spirituelle et la croissance des autres. Dans 2 Corinthiens 4.10-12, Paul remarque que ses souffrances ont eu pour résultat la bénédiction des Corinthiens.

Nous portons toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, mais la vie en vous.

Dieu utilise l’affliction

Remarquez que Paul dit que la mort agit. Dieu utilise la « mort » de Paul (faisant référence aux afflictions qui marquent l’union de Paul avec Christ), afin de produire la vie chez les Corinthiens. L’analogie évidente est celle des douleurs de l’enfantement. L’agonie d’une mère produit la vie pour l’enfant. Une mère qui donne la vie n’aime pas la douleur, mais elle accepte de la supporter dans l’intérêt de l’enfant. L’affliction de Paul était dans l’intérêt des Corinthiens. La souffrance d’Étienne était dans l’intérêt de Paul. L’origine de ce modèle se trouve dans la souffrance de Jésus pour tous ses enfants. À travers Jésus, la mort produit la vie.

C’est ce que Paul veut dire lorsqu’il déclare dans Colossiens 1.24 :

Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous et je supplée dans ma chair à ce qui manque aux afflictions du Christ pour son corps qui est l’Église.

Les souffrances de Christ portent ses fruits chez ceux pour qui il est mort; Paul dit également que ses souffrances, comme un autre résultat des souffrances de Christ, portent des fruits dans la vie du peuple de Christ. De cette manière, le modèle se poursuit : une personne souffre, et ses souffrances portent des fruits dans la vie d’une autre. Sommes-nous prêts à partager les souffrances de Christ afin que nos souffrances soient utiles, non pas à nous-mêmes, mais à d’autres? Êtes-vous prêts à être abaissés afin que d’autres soient élevés? Remarquez que Paul s’est réjoui du privilège de souffrir pour le plus grand bien des autres, parce que cela le liait plus étroitement aux souffrances de Christ.


Cet article est tiré du livre : Pourquoi faut-il souffrir? de Dan G. McCartney.