Dieu se plaît à demeurer en nous (Chris Bruno)

Je crois au Saint-Esprit. (Le Symbole des Apôtres)

« Je crois au Saint-Esprit ». Par ces mots, le Symbole des Apôtres introduit notre foi en la troisième personne de la Trinité comme un élément essentiel de la foi chrétienne. Cependant, contrairement aux déclarations sur le Père et le Fils, le Credo ne s’étend pas explicitement sur la personne et l’œuvre de l’Esprit.

Les premiers pères de l’Église ont consacré la majeure partie de leur énergie à définir et à défendre la compréhension correcte de la personne et de l’œuvre de Christ, de sorte qu’ils n’ont pas accordé autant d’attention à la personne ou à l’œuvre du Saint-Esprit qu’à la christologie. Pourtant, ils reconnaissaient que les Écritures affirmaient pleinement la divinité de l’Esprit.

Dans le Grand Mandat, Jésus ordonne à ses disciples de baptiser au nom singulier du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Paul termine 2 Corinthiens par une bénédiction qui demande que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec eux (2 Corinthiens 13.14). Les trois personnes de la Trinité partagent l’identité divine de façon égale.

C’est pourquoi, à côté de Dieu le Père tout-puissant et de Jésus Christ notre Seigneur, nous croyons au Saint-Esprit. Et pour confesser notre croyance au Saint-Esprit, nous devons confesser à la fois la divinité et la personne du Saint-Esprit.

La propriété de personne du Saint-Esprit

De nombreux chrétiens comprennent sans difficulté la propriété de personne du Père et du Fils. Même si nous avons de graves malentendus ou des familles dysfonctionnelles, la plupart d’entre nous peuvent comprendre ce que signifie être un père ou un fils en raison de nos propres expériences au sein d’une famille. Mais pour beaucoup, le Saint-Esprit ressemble davantage à la Force dans la Guerre des étoiles, ou à une idée éthérée, qu’à une personne qui participe à la communion de la Trinité aux côtés du Père et du Fils. Mais les Écritures nous enseignent que le Saint-Esprit n’est pas une force impersonnelle ou une bonne vibration que Jésus envoie à son peuple. Il est la troisième personne de la Trinité, intimement impliquée dans l’œuvre de la création et de la rédemption.

Certains groupes, comme les Témoins de Jéhovah, pourraient soutenir que le Saint-Esprit n’est pas une personne, mais qu’il représente plutôt la puissance de Dieu à l’œuvre dans le monde. Mais tous les chrétiens orthodoxes ne seraient pas d’accord avec cela, et l’Écriture est très claire sur cette question. Lorsque Pierre condamne Ananias pour sa tromperie lorsqu’il a vendu sa propriété mais a gardé une partie du produit de la vente, Ananias était coupable d’avoir menti « au Saint-Esprit », ce qui, selon Pierre, signifie mentir « à Dieu » (Actes 5.3-4). Dans cette brève réponse, Pierre affirme à la fois la divinité et la personnalité du Saint-Esprit.

Cette affirmation est cohérente avec ce que nous voyons ailleurs dans l’Écriture. Jésus dit à ses disciples que le Père leur enverra une autre aide, le Saint-Esprit. L’Esprit leur enseignera et leur rappellera tout ce que Jésus leur a enseigné (Jean 14.16, 26). Dans sa lettre à l’Église d’Éphèse, Paul nous ordonne de ne pas attrister le Saint-Esprit de Dieu (Éphésiens 4.30). L’implication est que l’Esprit est une personne qui interagit avec nous de manière personnelle.

Enfin, dans Actes 7.51, Etienne condamne beaucoup de ses compatriotes juifs pour avoir résisté au Saint-Esprit, comme l’ont fait leurs ancêtres. Nous voyons donc que le Saint-Esprit est une personne à laquelle on peut résister à un certain niveau et qui est à l’œuvre aussi bien dans l’ancienne que dans la nouvelle alliance.

Non seulement nous sommes mis en garde contre le fait de résister à l’Esprit ou de l’attrister, mais le Nouveau Testament nous rappelle également l’action positive de l’Esprit en notre faveur. Par exemple, Paul nous encourage dans nos prières en sachant que « l’Esprit aussi nous vient en aide dans notre faiblesse. En effet, nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs que les mots ne peuvent exprimer » (Romains 8.26). Le Saint-Esprit est Dieu, la troisième personne de la Trinité, qui œuvre activement pour le bien de son peuple.

La relation au Père et au Fils

Alors que l’Église chrétienne clarifiait de plus en plus ce que les Écritures enseignent sur la nature du Saint-Esprit, une division est apparue entre les Églises de langue grecque à l’Est et les Églises de langue latine à l’Ouest. Cette division faisait partie d’une division plus large qui a finalement conduit à ce que l’on appelle communément le « Grand Schisme », lorsque l’évêque de Rome et le patriarche de Constantinople se sont excommuniés mutuellement en 1054. Le principal désaccord théologique entre l’Orient et l’Occident portait sur la question de savoir si le Saint-Esprit procède du Père uniquement ou du Père et du Fils.

À l’origine, le Symbole de Nicée-Constantinople affirmait que le Saint-Esprit procède du Père. C’est-à-dire qu’au sein de la Trinité elle-même, le Saint-Esprit procède éternellement du Père. Au sixième ou septième siècle, certaines Églises occidentales ont commencé à ajouter les mots « et le Fils » (filioque en latin). Le patriarche Photius Ier de Constantinople a condamné cet ajout, mais en 1014, les Églises occidentales l’ont officiellement adopté, ce qui a conduit au schisme de 1054. Cette dispute sur la clause filioque peut sembler sans intérêt pour l’Église du XXIe siècle, mais il existe de bonnes preuves bibliques en faveur de la clause filioque.

Les preuves en faveur du Filioque

Par exemple, dans Jean 15.26, Jésus dit à ses disciples : « Quand sera venu le défenseur que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de la vérité qui vient du Père, il rendra témoignage de moi. » Notez que Jésus dit qu’il enverra l’Esprit, mais l’Esprit procède aussi du Père. Il ne parle pas ici de la procession éternelle du Saint-Esprit, mais cela peut nous donner une idée du fonctionnement interne de la Trinité.

Les Écritures appellent également le Saint-Esprit « l’Esprit de Christ » (Romains 8.9), ce qui constitue un autre indicateur de la manière dont le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont liés les uns aux autres. C’est-à-dire qu’avec le Père, Christ envoie l’Esprit dans le monde, de sorte que la présence de Dieu est transmise principalement par la présence de l’Esprit dans cette ère de la nouvelle alliance.

Enfin, la vision de la nouvelle création dans Apocalypse 22.1 peut également soutenir le filioque, car nous y voyons « le fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau ». Si l’eau représente l’Esprit (comme c’est souvent le cas dans l’Écriture, Jean 7.37-39), alors il coule du trône de Dieu le Père et de Christ l’Agneau.

L’Esprit du Père et du Fils

Ces textes, et d’autres semblables, nous donnent une bonne justification théologique pour comprendre le Saint-Esprit comme procédant du Père et du Fils. Il n’est pas une sorte d’être inférieur, mais au contraire, il existe dans une relation unique avec le Père et le Fils simultanément. Par conséquent, les réflexions d’Augustin dans La Cité de Dieu ont une forte justification biblique :

Ce que notre Seigneur a voulu nous faire comprendre lorsqu’il a soufflé sur ses disciples en disant : « Recevez l’Esprit Saint », c’est que l’Esprit Saint est non seulement l’Esprit du Père, mais aussi l’Esprit du Fils unique lui-même. En effet, un seul et même Esprit est l’Esprit du Père et du Fils – non pas une créature mais le Créateur, et formant avec eux la Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit. (341)

De toute éternité, le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils. Sa relation au Père n’est pas séparée de sa relation au Fils ; au contraire, il est en relation avec le Père et le Fils ensemble. Ainsi, le filioque renforce notre compréhension de l’unité de notre Dieu trinitaire. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont unis dans leurs relations entre eux et avec le peuple de Dieu, en qui ils prennent plaisir.

La joie du Saint-Esprit

Sophonie 3.17 dit : « L’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi un héros qui sauve. Il fera de toi sa plus grande joie. Il gardera le silence dans son amour, puis il se réjouira à grands cris à ton sujet. » Ce verset est une fenêtre étonnante sur la joie de Dieu au sujet de son peuple, mais il a une application unique pour la joie du Saint-Esprit à l’ère de la nouvelle alliance.

Rappelez-vous que la présence du Seigneur se trouve parmi son peuple, en particulier par l’Esprit qui demeure parmi nous. Par conséquent, l’accomplissement de Sophonie 3.17 aujourd’hui se trouve dans la présence du Saint-Esprit parmi son peuple. Non seulement l’Esprit a conduit les disciples dans toute la vérité, et non seulement il nous aide à prier mieux que nous ne le savons, mais il se réjouit aussi de nous, le peuple de Dieu, par des chants.

Peut-être pourrions-nous même dire que cela fait partie de l’intercession de l’Esprit pour les saints (Romains 8.26). En tout cas, nous pouvons constater que le Saint-Esprit se réjouit de son peuple. L’Esprit se réjouit de sa demeure parmi nous. Ceci est remarquable. Le Saint-Esprit est pleinement Dieu, la troisième personne de la Trinité, mais il se réjouit de son peuple, et son peuple peut maintenant se réjouir en lui.


Cet article est une traduction de l’article anglais « God Delights to Dwell in Us » du ministère Desiring God par Timothée Davi.