Dieu n’est pas un homme pour se repentir (John Piper)

On peut entrevoir dans 1 Samuel 15 une notion qui pourrait bien être la solution plausible à cette apparente contradiction dans l’action de Dieu. Dans ce passage, Dieu commande à Saül de détruire les Amalécites, y compris leur roi, Agag (1 S 15.3). Saül désobéit délibérément (1 S 15.9,24). La parole de l’Éternel lui est alors adressée en ces mots : « Je me repens [נִחַ֗מְתִי] d’avoir établi Saül pour roi, car il se détourne de moi et il n’observe point mes paroles » (1 S 15.11). De la même manière, à la fin du récit, il nous est dit que « Samuel n’alla plus voir Saül jusqu’au jour de sa mort ; car Samuel pleurait sur Saül, parce que l’Éternel se repentait [נִחָ֔ם] d’avoir établi Saül roi d’Israël » (1 S 15.35).

Dieu s’est-il repenti ?

Ce passage amène certains lecteurs à penser que Dieu ne savait pas ce qui adviendrait de Saül quand il a été couronné roi. Pourquoi parler de se repentir si Dieu savait à l’avance qu’il tournerait mal ? J’ai proposé plusieurs réponses à cette question sur le site de Desiring God[1]. Une partie de la réponse concerne la question qui nous préoccupe actuellement : la possibilité que Dieu soit en train de mentir dans les passages de 1 Rois 22, Ézéchiel 14 et 2 Thessaloniciens 2. Même s’il est spécifié à deux reprises, dans 1 Samuel 15, que Dieu s’est repenti d’avoir fait Saül roi, Samuel dit à Saül, de manière surprenante :

L’Éternel déchire aujourd’hui de dessus toi la royauté d’Israël, et il la donne à un autre, qui est meilleur que toi. Celui qui est la force d’Israël ne ment point et ne se repent point [יִנָחֵ֑ם], car il n’est pas un homme pour se repentir (1 S 15.28,29).

Dieu ne se repent pas comme un homme

Je présume que l’auteur de 1 Samuel 15 ne s’est pas trompé et ne contredit pas les versets 11 et 35 (Dieu s’est repenti) lorsqu’il a écrit le verset 29 (Dieu ne se repent pas). Ces déclarations sont trop proches l’une de l’autre et trop similaires pour penser que ce n’est pas intentionnel. Il me semble que la clé est de remarquer ce que Samuel dit au verset 29 : « Celui qui est la force d’Israël ne ment point et ne se repent point, car il n’est pas un homme pour se repentir. » Je comprends cela comme signifiant que Dieu ne se repent pas comme un homme, c’est-à-dire de la manière dont l’être humain se repent.

Le repentir divin n’a pas d’absence de prescience

Le repentir humain est basé en partie sur l’absence de prescience. Or, le repentir divin ne l’est pas. Dieu « […] annonce dès le commencement ce qui doit arriver » (És 46.10). Sa prescience du péché de l’homme fait partie de ce que signifie être Yahvé, « Je suis » (Jn 13.19)[2]. Par conséquent, j’en conclus à la lecture de 1 Samuel 15 que Dieu se repent, mais non de manière à ce que l’intégrité ou la perfection de sa prescience divine soient compromises. Il ne nous est pas dit de quelle manière. D’aucuns suggèreraient que le chagrin présent dans le « repentir » de l’échec de Saül était déjà présent, de manière typiquement divine lorsque Saül a été choisi au départ.


[1] Voici trois liens, tous sur le site de Desiring God, concernant la question du « repentir » de Dieu et s’il ment : « God Does Not Repent Like a Man », 11 novembre 1998 ; ˂ https://www.desiringgod.org/articles/god-does-not-repent-like-a-man ˃ ; « The Repentance of God », 30 mars 1987, ˂ https://www.desiringgod.org/articles/the-repentance-of-god ˃ ; et « God Does Not Lie », le 23 juillet 2008, ˂ https://www.desiringgod.org/articles/does-god-lie ˃.

[2] Pour voir comment Jean 13.19 associe la divinité de Christ à sa prescience et démontre en cela que la prescience fait partie de la bonté de Dieu, voir John Piper : « Is the glory of God at Stake in God’s Foreknowledge of Human Choices? », Desiring God, 3 juillet 1998, ˂ https://www.desinringgod.org/messages/is-the-glory-of-god-at-stake-in-gods-foreknowledge-of-human-choices


Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper