Connus d’avance (Kenneth Johns)
« Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.
« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né de beaucoup de frères.
« Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Que dirons-nous donc à l’égard de ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »
(Romains 8:28-31)
« Connus d’avance »
Penchons-nous sur cette expression du verset 29, « connus d’avance », afin d’en découvrir le véritable sens. S’il s’agit en effet d’un choix divin basé sur la prescience divine de la réponse de l’homme à l’Évangile, l’élection souveraine ne fait pas partie des vérités bibliques. C’en est une, au contraire, si la signification de ce terme ne concerne pas un acte humain. Si nous pouvons nous prévaloir d’avoir forgé un seul maillon de la chaîne du salut, elle devient alors d’une fragilité extrême.
Le chapitre 9 de l’épître aux Romains indique quelle est la bonne interprétation. Les choix de Dieu, déclare Paul, s’opèrent avant la naissance de l’homme et indépendamment de sa personnalité. Dans ce chapitre, Paul établit le caractère inconditionnel et souverain de l’élection avec tant de vigueur que vouloir y déceler une élection basée sur le choix ou sur la personnalité de l’homme sans en trouver l’expression évidente revient à imposer ses propres idées à la Parole de Dieu.
L’homme se sent obligé d’expliquer l’action divine
Malheureusement, on traite souvent ainsi le verset 29 du chapitre 8. Paul n’y donne aucune indication concernant ce que Dieu aurait connu d’avance, mais l’homme y remédie en apportant des pensées issues de sa théologie personnelle. Il se sent obligé d’expliquer l’action divine, comme si la Parole de Dieu avait omis cette précision.
En supposant que la prescience de Dieu doive se fonder sur un motif qui soit compréhensible à l’homme, celui-ci y ajoute « la foi » ou « le choix humain ». Cependant, Paul ne parle pas de « ce » mais de « Ceux qu’il a connus d’avance » – Dieu a connu d’avance des personnes et non quelque chose à leur égard.
Nous devons exercer une grande prudence quand nous voulons expliquer la signification de la prescience divine en Romains 8:29
L’expression « connus d’avance » a souvent été débattue. Nous devons donc examiner son sens exact dans le texte. Empressons-nous d’ajouter que, même sans cet examen, la question est réglée par la déclaration de Paul au chapitre 9. L’apôtre ne peut pas enseigner une élection basée sur quelque activité humaine au chapitre 8, puis une élection divine absolument souveraine au suivant. Il ne fait rien de la sorte, bien sûr. Il faut donc exercer une grande prudence quand nous sentons le besoin de fournir nos propres pensées pour expliquer la signification de la prescience divine mentionnée en Romains 8:29.
De toute évidence, cette prescience de Dieu ne signifie pas que son omniscience lui permet de savoir qui va répondre positivement à l’Évangile. L’Écriture ne permet pas du tout d’adopter cette interprétation car elle place la destination au salut chronologiquement avant la foi :
« Les païens se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la Parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » (Actes 13:48).
On ne peut pas se méprendre sur le sens des paroles de Luc. La foi vient après et reflète le choix de Dieu. Il ne peut pas vouloir dire autre chose et il est impensable de traduire ce verset par : « Tous ceux chez qui Dieu avait vu la foi par avance crurent. » L’écrivain inspiré n’interrompt pas son récit sur la vie importante de l’Église primitive pour féliciter Dieu de sa capacité de prévoir l’avenir !
Pourtant, en interprétant ce passage selon cette compréhension de la prescience divine, on attribue à Luc un tel langage. « Voyez-vous, lui fait-on dire, de nombreuses personnes furent sauvées à Antioche de Pisidie, mais Dieu ne s’en étonna pas car il savait déjà que cela allait se produire. »
La foi ne dépend pas de la volonté de l’homme
Bien sûr, il ne rappelle pas le fait que Dieu connaît l’avenir. Il explique au contraire les fruits de l’évangélisation à la lumière de la doctrine apostolique. Ces conversions ne dépendent pas de la prédication seule (même fidèle et revêtue de l’onction divine), et la foi ne dépend pas de la volonté de l’homme.
« Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Romains 9:16).
Pourquoi alors ces hommes ont-ils cru ? Parce qu’ils étaient destinés à la vie éternelle : en entendant l’Évangile, ils reçurent un appel à passer de la mort à la vie qui résulta dans le fait qu’ils crurent. Cette foi résultait de la prédestination divine et leur salut provenait seulement de l’élection de Dieu.
La seule explication de la foi repose dans le choix et le dessein préalables de Dieu
Les efforts missionnaires de Paul et de ses collègues étaient certes nécessaires et la prédication était essentielle. Mais, une fois cette activité humaine terminée et les résultats examinés, la seule explication repose dans le choix et le dessein préalables de Dieu. La foi vient ensuite, en résultat et non comme cause de l’élection divine. Par conséquent, la prescience n’équivaut pas à l’omniscience «qui regarde dans l’avenir» avant de prendre une décision.
Que signifie « connus d’avance » alors ? Un des sens est : « décider au préalable. » La prescience en l’occurrence signifie une décision prise par avance. Une connaissance décisive préalable, non de la réponse des futurs croyants, mais de l’action divine à leur égard.
Cet article est tiré du livre : Aimés de toute éternité de Kenneth Johns