Comment pourrons-nous être heureux au ciel en sachant que nos proches sont en enfer ? (R.C. Sproul)

Le théologien R.C. Sproul avait un professeur de théologie au caractère bien particulier. Et, plus d’une fois, R.C. Sproul l’a agacé par ses remarques. En sortant d’une réunion où un sermon libéral avait été prêché, Sproul faisait la remarque à son professeur : « Si Calvin avait entendu cela, il se serait retourné dans sa tombe ». Son professeur se retourna alors subitement, d’un air grave et lança « Ne savez-vous pas que rien ne peut troubler la joie que Calvin connait désormais ?! ». Le professeur avait évidemment raison, la joie que ceux qui sont morts dans le Seigneur connaissent ne peut être troublée par aucun événement, et il en sera de même quand nous serons réunis sur la nouvelle terre. « Il essuiera toute larme de leurs yeux » dit la Parole (Apocalypse 21 :4).

Une autre fois, ce professeur était avec quelques élèves et ceux-ci en profitaient pour poser des questions. Un des étudiants posa la question qui nous intéresse ici. Le professeur, avec son tact habituel, lui répondit « Ne savez-vous pas que nous serons alors si sanctifiés que vous pourrez regarder votre mère dans les yeux et louer Dieu pour son jugement à son égard ». Sproul éclata de rire. Non pas parce que le sujet lui semblait drôle, mais en raison du manque profond de tact de son professeur. Toutefois, par la suite, il réfléchit de nombreuses fois à la question de cet élève et à la réponse de ce professeur bien particulier.

Puis le jour est venu où Sproul a dû lui-même traiter cette question lors d’une conférence. Il l’a fait avec bien plus de tact, pendant 45 minutes. Nous résumerons ici les trois grandes vérités bibliques qui permettent de saisir comment la félicité des croyants ne sera pas troublée par la condamnation des pécheurs, y compris ceux que nous connaissons.

  1. Dieu est Saint

La Sainteté de Dieu est quelque chose qui nous dépasse. Nous n’avons aucune idée de ce qu’est un Dieu Saint. Un Dieu si Saint que, devant une vision de sa sainteté, nous tombons comme morts en criant « malheur à moi ». Un Dieu si Saint que, lorsque Moïse demanda à voir sa gloire, Dieu le couvrit de sa main, au fond d’un rocher, pour qu’il puisse la voir un instant, et seulement de dos. Un Dieu si Saint que, lorsque les Israélites virent Moïse, après qu’il eut parlé à Dieu et vu sa gloire, ils le supplièrent de se couvrir le visage tant celui-ci rayonnait.

Notre Dieu est trop pur pour tolérer le mal.

Il est jaloux de sa gloire. Cette vérité nous est tellement étrangère que quand nous la découvrons, comme ces hommes de la Bible, nous sommes confus, honteux, terrassés. Cette vérité nous est tellement étrangère que nous ne comprenons pas pourquoi Dieu frappa Uzzah de mort quand celui-ci voulu rattraper l’arche de l’alliance qui tombait du char. Uzzah rencontra la sainteté de Dieu à ce moment. Nous ne comprenons pas comment les fils d’Aaron ont pu être consumé de feu par Dieu pour l’avoir adoré d’une manière qu’il n’avait pas prescrite.

  1. La gravité de notre péché

Nous sommes comme des poissons dans l’eau avec le péché. Ceux-ci sont tellement mouillés qu’ils n’ont pas conscience de la présence de l’eau.

De même, le péché est tellement prévalent dans nos actions et nos paroles qu’il semble qu’on le respire et que son odeur nauséabonde ne nous choque plus. Toutes les pensées de notre cœur se portent chaque jour uniquement vers le mal dit l’Écriture (Genèse 6 :5) et ce dès notre jeunesse (Genèse 8 :21). Il n’y a pas de juste, pas même un seul ; nul n’est sage, nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés, ensemble ils sont pervertis, il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul (Rom 3 :10-12).

Dieu créa le monde. Il plaça les étoiles dans le ciel, et elles obéirent à sa voix. Il donna une limite aux mers, et elles obéirent à sa voix. Il donna une course au soleil, et il obéit à sa voix. Il forma un monde magnifique, planta un jardin en Eden, forma une petite créature tirée de la poussière, lui donna d’être à son image, de dominer sur la terre et lui donna un commandement explicite. Et l’homme désobéit à sa voix. Il défia le souverain éternel du monde, il méprisa la générosité de Dieu et rejeta son commandement. L’homme méprisa la gloire de celui qui avait tous les droits sur lui et qui l’avait formé. Il méprisa Dieu lui-même.

  1. La glorification des croyants

Romains 8 :30 est un verset bien connu. Ce dernier nous dit que ceux que Dieu a prédestinés, il les a aussi appelés ; que ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et que ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Bien des discussions ont été menées sur la prédestination, l’appel efficace et la justification. Mais ces trois premiers maillons de la chaîne dorée du salut mènent à un quatrième sur lequel nous ferions bien de méditer alors que nous cherchons à répondre à cette question.

Si nous prenions une échelle de sainteté et attribuons des points à chacun d’entre nous. Disons que nous placerions les pires des pécheurs, comme Hitler, à -100. Peut-être vous retrouveriez vous à +10. Et l’apôtre Paul à +100. Où serait notre Seigneur Jésus-Christ ? Bien au-delà. Sa sainteté est incomparable.

Aujourd’hui, même les plus saints des hommes sont encore finalement plus proche des pires pécheurs que de la sainteté de Dieu.

C’est pour cette raison qu’il est si dur pour nous de lire les jugements de Dieu dans l’Ecriture. Pensons à Ananias et Saphira, tués instantanément pour leur mensonge. Il ne s’agit pas ici d’une vieille histoire de l’Ancien Testament, mais d’un épisode qui eut lieu après la mort et résurrection du Christ. Notre Dieu est le même. Ce récit est dur à lire. Car nous pouvons tellement comprendre ces pécheurs, ne sommes-nous pas semblables à eux à bien des égards ? Oui, il est plus facile de comprendre les plus grandes folies des hommes que la sainteté de Dieu. Voilà pourquoi aussi, aujourd’hui, imaginer nos proches souffrir une punition éternelle pour leurs péchés nous indigne. Parce qu’après tout, ils n’ont fait « que pécher », ce que nous faisons quotidiennement. Oui mais Dieu n’est pas comme nous, nous l’avons vu. Et notre faute est grave.

Mais que se passera-t-il à notre glorification ? L’Ecriture nous enseigne que nous serons alors rendus parfaitement semblables à Christ, nous serons couverts et remplis et consumés comme le buisson ardent par sa sainteté. De ce nouveau point de vue, nous comprendrons bien mieux la sainteté de Dieu dans laquelle nous vivrons, et les péchés des hommes, y compris ceux de nos proches, nous apparaîtrons dans toutes leur laideur. Nous verrons combien il est grave d’offenser un Dieu si Saint. Combien leur faute mérite un jugement éternel. Nous désirerons alors bien plus que Dieu fasse justice et soit glorifié par son juste jugement et nous nous associerons à la myriade d’anges qui chantent : « Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu, parce que ses jugements sont véritables et justes » (Ap 19 :1,2) « Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux » en sachant que « la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit » (Ap 14 :7,11). « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. » (Hébreux 10 :31).

 

Cet article a été écrit par Maxime Georgel qui s’est inspiré de la conférence suivante de R.C. Sproul dans l’écriture de cet article : “Can We Enjoy Heaven Knowing of Loved Ones in Hell?“.