Comment parler du péché (Edward T. Welch)

Normalement, nous commençons par écouter de manière à discerner les plaisirs et les peines chez l’autre. Par la suite, nous décelons souvent une foi persévérante en Jésus, à la fois discrète et constante. Une telle découverte constitue une bénédiction pour nous, et nous cherchons alors à encourager la personne dans cette voie. En revanche, nous remarquerons peut-être aussi des doutes, des luttes dans la foi, et du péché.

Nous avons l’impression que les circonstances difficiles de la vie constituent nos problèmes les plus urgents. Néanmoins, les luttes reliées à la foi et à l’obéissance à Christ sont encore plus importantes. La souffrance, par exemple, ne peut pas nous séparer du Seigneur, mais les cœurs endurcis, tout comme les péchés tenaces, brisent notre relation avec Dieu. Ils finissent aussi par nous diviser les uns les autres. Et, si nous n’y prenons pas garde, ils nous occasionneront des malheurs bien pires que nos épreuves actuelles.

Les chrétiens sont des saints qui pèchent. Par conséquent, comment devrions-nous parler du péché à ceux qui sont aux prises avec celui-ci ?

Comment parler du péché

Le péché devient public de trois manières différentes : quelqu’un le confesse, nous en sommes témoins ou on nous en parle. Or, la manière de réagir au péché dépend de la manière dont on l’a appris.

Par exemple, une personne qui le confesse est déjà engagée dans la lutte contre le péché. En revanche, une personne qu’on prend sur le fait n’a peut-être pas encore commencé à lutter. On changera son approche en fonction de l’honnêteté et de la conscience de la présence du péché qu’on observera chez l’autre. Ci-dessous, je propose quelques manières d’aborder le sujet.

Dire quelque chose

Les premiers mots sont les plus difficiles à dire. Quand on n’a aucune idée de ce qu’on devrait dire, il vaut mieux être honnête :

« J’ai prié pour toi. J’ai vraiment apprécié la franchise avec laquelle tu as confessé ta lutte avec la pornographie, mais je m’inquiète à l’idée qu’on puisse cesser de te demander des comptes. Veux-tu que nous en parlions ? »

« J’ai remarqué que tu t’es mis en colère contre ta femme l’autre jour. Ça m’a marqué. Veux-tu que nous en parlions ? »

« Je sais que tu es très occupé au travail ces derniers temps et que tu voyages plus que d’habitude. Cela m’a fait penser à mes propres luttes contre la tentation. J’ai plus de difficulté à résister quand je ne suis pas entouré de gens qui me connaissent. Quelles sont tes stratégies pour lutter contre la tentation quand tu voyages ? »

Si nous avons des preuves concrètes qu’une personne a péché, soyons précis. Si nous avons des doutes ou des questions, exprimons-les sans accusation. Tout cela peut être difficile mais, la plupart du temps, le silence suscite plus de regrets que le fait d’avoir parlé.

« Nous » plutôt que « vous »

Un moment déterminant dans la lutte d’un homme contre les drogues illicites s’est produit quand sa femme a découvert qu’il avait recommencé à consommer et qu’elle s’est écriée : « Qu’allonsnous faire ? » En d’autres mots : « Comment allons-nous lutter ensemble ? » En réaction au péché de son mari, elle s’est rapprochée de lui. C’est ainsi qu’ils ont mis sur pied un plan précis qui a généré des années de sobriété et une relation enrichie.

« Nous sommes tous les deux concernés. » Cela pourrait vouloir dire que, bien que nous ne comprenions pas tout à fait la nature du péché de l’autre, nous resterons près de lui dans la bataille, avec patience et bienveillance. Cela pourrait aussi vouloir dire que nous comprenons vraiment le péché parce que nous luttons contre un péché semblable. Quel que soit celui qu’on voit chez les autres, un rapide examen de soi révèle souvent une tendance à tomber dans le même type de péché. La version du péché contre laquelle nous luttons peut sembler différente, mais elle provient des mêmes désirs rebelles.

Des questions plutôt que des exhortations

Lorsque Jésus s’adresse à des personnes aux prises avec le péché, il pose souvent des questions : « Pourquoi pensez-vous ces choses ? », « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal ? » (p. ex. Mc 3.7.) « Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux pendant que l’époux est avec eux ? » (p. ex. Lu 5.34.) Les questions de Jésus servent souvent deux buts. Premièrement, il invite ses auditeurs à réfléchir à quelque chose. Le péché est souvent moins attrayant quand on l’examine de plus près. Deuxièmement, Jésus engage une conversation avec ses auditeurs. Il pose une question afin d’obtenir une réponse. « Venons et raisonnons ensemble » est l’une des manières que le Seigneur utilise habituellement pour aborder le sujet du péché dans nos vies.

Voici une autre question que nous pourrions aussi demander : « Comment puis-je t’être utile ? »

Le péché est personnel

Que nous le reconnaissions ou non, le péché concerne toujours Dieu. Le péché a une fâcheuse propension à l’indépendance. Ainsi, nous ne nous mettons pas sciemment en colère contre Dieu mais, en réalité, notre colère le concerne (Ja 4.1-4). Il en va de même de nos récriminations et de nos plaintes. Ces dernières déclarent : « Qu’as-tu fait pour moi récemment ? » Elles constituent un mépris de Dieu (No 14.11). On comprend mieux le caractère personnel du péché lorsqu’on connaît à la fois le cœur humain et le Seigneur :

  1. Nous savons que notre péché est d’abord contre Dieu et, comme nous le ferions dans toute autre relation, nous le lui confessons.
  2. Nous savons que notre Seigneur est prompt à pardonner.
  3. Nous cherchons à mieux connaître Jésus. Nous ne le connaissions et ne l’aimions pas aussi bien que nous le pensions. Peut-être nous imaginions-nous le Seigneur comme un policier à l’affût de la moindre infraction, et en retour, nous cherchions à nous départir par tous les moyens du lourd fardeau de la loi. Une connaissance adéquate de Jésus nous permet de contrer les mythes persistants. Il nous a aimés alors que nous étions encore ses ennemis. Par conséquent, nous sommes déterminés à trouver notre joie en lui et en son hospitalité divine. Tout le reste est vide sens et engendre une vie misérable ainsi que de nouvelles incursions dans le monde du péché.

Finir les confessions en disant « merci »

Le pardon du Seigneur peut sembler trop beau pour être vrai. Le réflexe, après la confession, consiste à s’exiler et à se réformer pour être à nouveau acceptable aux yeux du Père. Or, gardons à l’esprit l’histoire du fils prodigue (Lu 15.11-24). Notre Père est tout simplement prêt à nous pardonner. Cette vérité le distingue de tous les faux dieux et de toute l’humanité. Au moindre indice de repentance de notre part, il est disposé à nous pardonner (Jé 3.13).

Satan ment en disant que Dieu est comme un simple être humain et qu’il se montre mesquin dans sa grâce et son amour. Que Dieu nous garde de croire de tels mensonges. Nous sommes le peuple que Dieu a aimé, et ce même lorsque nous étions ses ennemis. Nous trouvons notre repos dans le sacrifice parfait de Jésus. Nous nous appuyons sur la présence et la puissance du Saint-Esprit. De plus, il nous est possible de percevoir des parcelles de joie dans la vie quotidienne.

Le processus peut se résumer ainsi : après la confession, la reconnaissance. En disant « merci », nous rejetons à la fois les mensonges de Satan et l’illusion selon laquelle la grâce est pour les autres mais pas pour nous. Pouvez-vous imaginer une communauté dans laquelle il est possible de confesser ses péchés les uns aux autres et de répondre en retour par l’humilité, la bonté, la patience et la prière ?


Cet article est tiré du livre : Prendre soin les uns des autres de Edward T. Welch