Comment les anciens donnent l’exemple (Jeramie Rinne)

Guider par l’exemple

Dieu a appelé les anciens à être des hommes dignes d’être imités. Une Église locale en bonne santé compte normalement plusieurs personnes, hommes et femmes, qui pourraient être des modèles. Or, quand une assemblée nomme un homme au poste d’évêque, par ce geste elle déclare de façon formelle : « Voici un modèle de maturité en Jésus, reconnu officiellement par l’Église. » Cela ne signifie pas que ce dernier est le seul exemple à suivre, ni qu’il est un modèle parfait ou qu’il incarne mieux que quiconque chacune des vertus chrétiennes. Néanmoins, un ancien est un modèle dûment désigné. En affirmant qu’un homme est un ancien, l’Église dit : « Imitez-le comme il imite Christ. » Une Église devrait être en mesure de présenter un ancien à un nouveau croyant en disant : « Tu veux savoir ce que devrait être un vrai chrétien ? En voici un. »

En d’autres mots, le titre d’ancien suppose que l’on prenne soin du troupeau tant par ce que l’on est que par ce que l’on fait. Les anciens paissent le troupeau non seulement en exécutant des actions, mais aussi en vivant comme des modèles. Sans le vécu, les actions ne tiendront pas la route.

Passons en revue les composantes de la description de tâches d’un ancien que nous avons exposées dans les chapitres précédents. Remarquez comment chaque élément de cette liste ne peut être accompli que si l’évêque répond à son appel à être un modèle. Bref, un caractère semblable à Christ est indispensable au ministère pastoral.

Dans sa maturité spirituelle

L’ensemble du travail de l’ancien consiste à guider les membres de l’église vers une plus grande maturité à l’image du Christ. Ils sont des pasteurs qui s’investissent dans la vie des membres pour les aider à grandir ensemble et à ressembler de plus en plus à Jésus.

Or, si un ancien est lui-même immature, comment peut-il conduire les autres vers la maturité dans la piété ? Tout comme vous n’embaucheriez pas un conseiller financier qui aurait dilapidé tous ses biens dans des investissements maladroits et qu’un entraîneur qui aurait perdu la forme ne vous inspirerait pas confiance, de même un ancien égoïste et impie qui déclarerait : « Soyez mes imitateurs » attirera peu de gens à sa suite. Vous ne pouvez pas conduire les autres où vous-mêmes n’êtes pas allés.

Dans son enseignement

Une autre tâche de l’ancien est d’enseigner. Les anciens exposent la vérité biblique et réfutent l’erreur doctrinale. Que se passe-t-il lorsque la vie d’un enseignant contredit ses dires de façon flagrante ? Tous, sauf ceux qui ne s’intéressent qu’aux fioritures, cessent de l’écouter. Les gens ont peu de patience envers les enseignants du genre « faites ce que je dis et non ce que je fais ». Pire encore, les enseignants hypocrites du peuple chrétien devront se présenter devant Dieu. C’est pourquoi, l’avertissement de Jacques n’est pas étonnant : « Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement » (Ja 3.1).

En revanche, lorsqu’un pasteur allie un enseignement sain et une vie saine, il aura toujours un troupeau dévoué. Lorsque je réfléchis au ministère d’enseignement de Ray, notre pasteur par intérim, l’une de ses prédications me vient en tête. Durant la semaine de Pâques, il avait prêché à partir de Jean 13, concernant Jésus qui lave les pieds de ses disciples. Je me souviens de ce message pour deux raisons. Premièrement, il était excellent. De façon émouvante, Ray a clairement exprimé comment Jésus s’est fait serviteur, non seulement en lavant les pieds, mais en se rendant à la croix pour laver les péchés. Ray a lancé un appel à notre congrégation pour que chacun se rende humblement serviteur des autres selon l’Évangile.

Deuxièmement, et probablement avant tout, il est demeuré dans ma mémoire parce qu’alors que j’entendais un message au sujet du service, j’observais aussi l’humilité, le service et le don de soi chez l’homme qui le prêchait. La marche chrétienne constante de Ray me poussait à écouter ce qu’il avait à dire.

Dans son soin du troupeau

Un autre rôle de l’ancien est de partir à la recherche des membres égarés. Il s’agit d’une obligation qui requiert de la délicatesse puisque les membres qui s’éloignent de l’Église sont généralement fragiles et souffrants. Par conséquent, ils ont souvent de la difficulté à faire confiance aux autres. Ainsi, quand un berger au caractère douteux s’approche pour la ramener, la brebis égarée risque fort de fuir. Comment une brebis peut-elle prendre au sérieux les efforts d’un ancien à veiller sur elle lorsque celui-ci n’arrive même pas à veiller sur lui-même ?

Nous pouvons pousser la réflexion plus loin. Si l’hypocrisie du pasteur est connue à l’extérieur des murs de l’Église, elle repousse même les gens qui auraient peut-être voulu se réunir avec le troupeau le dimanche. « Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans l’opprobre et dans les pièges du diable » (1 Ti 3.7).

Au chapitre 5, nous nous sommes mesurés à la tension que présente le fait d’exercer son leadership avec assurance tout en faisant preuve de douceur. Cette fois encore, un caractère pieux est la clé. Comme Pierre l’a écrit : « Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde […] non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau » (1 Pi 5.2,3). Devenir un exemple est l’antidote à un caractère intimidant. Lorsque les anciens vivent et aiment comme Jésus, ils ne sont pas perçus comme arrogants ou dominants. Ils possèdent plutôt une humilité à l’image de Jésus qui fait en sorte que l’Église se place volontairement sous leur autorité morale. Les anciens doivent diriger par l’exemple s’ils espèrent pouvoir diriger de quelque manière que ce soit.

En équipe

Pour finir, soulignons l’importance du travail d’équipe. Les évêques servent d’exemple non seulement en tant qu’individus, mais aussi en tant qu’équipe. Envisagez le groupe d’anciens comme étant un microcosme de l’Église. La façon dont les bergers interagissent, résolvent les problèmes, s’efforcent d’atteindre l’unité et affrontent les défis ensemble devrait être pour toute l’Église une trame vivante à imiter. L’équipe d’anciens devrait pouvoir dire ensemble : « Soyez nos imitateurs comme nous imitons Christ ensemble. »

À un certain moment, j’ai donné un cours à notre Église sur la fonction d’ancien selon la Bible. L’une des composantes était une « sortie » pour assister à une vraie réunion d’anciens. Après-coup, les étudiants ont fait le bilan de leur expérience. Ils ont noté l’amour, l’humilité et la gentillesse exprimés dans les conversations ainsi que le souci sincère qui émanait des prières pour les membres de l’Église. Certains s’attendaient à un déroulement différent, une réunion plus officielle, corporative et intimidante. Mais, ils ont plutôt été témoins d’un caractère semblable à celui de Jésus dans les échanges entre les anciens. Nos évêques ont vécu une bonne soirée.

Voyez-vous comment le souffle vital de la piété devrait circuler à travers chaque action des anciens ? Cependant, si un ancien compromet son intégrité en désobéissant au Seigneur, son ministère meurt. La marche de l’ancien avec Jésus est le fil sur lequel toutes les perles de sa description de tâches sont enfilées. S’il advenait qu’on le coupe, les perles tomberaient au sol et s’éparpilleraient. Un ancien peut être talentueux, expérimenté et charismatique, mais s’il ne reflète pas bien Jésus, son immaturité aura éventuellement raison de ses dons. Le savoir-être de l’ancien accorde crédibilité et pouvoir à son savoir-faire. Voilà qui explique pourquoi la Bible fournit ces longues listes de qualifications que nous avons examinées au chapitre 1, de même que la préséance accordée au caractère exemplaire. Un ancien doit être « irréprochable » (1 Ti 3.2). Son ministère entier en dépend.


Cet article est adapté du livre : « Les anciens » de Jeramie Rinne