Comment John Piper a mobilisé des milliers de personnes pour un service missionnaire radical (Michael Lawrence)

Qu’est-ce qui motive la masse ?

Selon certains, John Piper, pasteur de l’Église Baptiste Bethlehem à Minneapolis, a fait plus pour motiver une nouvelle génération de jeunes chrétiens américains à aller servir sur le champ missionnaire que n’importe qui d’autre vivant aujourd’hui. Comment y est-il parvenu ?

Les a-t-il inspirés grâce à des histoires sur le sacrifice héroïque ? A-t-il fait en sorte que la détresse (et la culpabilité) des multitudes qui se meurent touche la tendre conscience de la jeunesse américaine ? A-t-il élaboré une stratégie de mission si convaincante qu’on ne pouvait tout simplement que s’y rallier ?


Nous devrions avoir l’ambition de croître dans notre capacité à articuler soigneusement et fidèlement la doctrine biblique.


La réponse à toutes ces questions est « Non ». Il n’a fait aucune de ces choses. Ce qu’il a fait en revanche, c’est donner aux gens une théologie très profonde. Il les a confrontés à l’impressionnante centralité de Dieu. Il les a confrontés à la vérité difficile, mais biblique, que le plus grand amour de Dieu est Dieu, que le but suprême de Dieu est sa gloire, et que le but ultime de Dieu dans la création et la recréation est son adoration et sa renommée. De plus, il a démontré que la centralité de Dieu n’a rien de mauvais et qu’elle est parfaitement bonne.

Et il a ensuite réuni deux applications très pratiques de la vérité. Premièrement, « si la mission existe, c’est parce que l’adoration n’existe pas[1] ». Deuxièmement, « Dieu est le plus glorifié en nous quand nous sommes le plus satisfaits en lui[2] ». Lorsque ces deux vérités se rejoignent dans un cœur régénéré, rempli de grâce, ancré dans une profonde théologie de Dieu, la personne réorganise sa vie, change d’ambitions et se donne à l’œuvre de glorification de Dieu que constitue l’évangélisation du monde.

Ce que Dieu peut faire avec une vie abandonnée à lui

Je pense qu’il est facile pour beaucoup d’entre nous de regarder l’impact de John Piper et de se dire : « Je ne pourrai jamais avoir ce genre d’impact, parce que je ne suis pas John Piper. Je n’ai pas ses dons. Je n’ai pas son énergie. Je n’ai pas son cerveau ! » Je comprends ce sentiment.

Mais je ne suis pas d’accord avec ce sentiment.

Et lui non plus ne le serait pas. John Piper serait le premier à vous dire qu’il n’est qu’un homme avec des défauts, des peurs et des manies comme vous et moi.

Non, je pense que ce qui explique la façon dont Dieu utilise Piper aujourd’hui, c’est que tel un Paul des temps modernes, il a pris les dons que Dieu lui a accordés et les a entièrement mis à la disposition de la vérité de la Parole de Dieu. Ainsi, il est pour nous un modèle de ce que signifie être un serviteur de la vérité. Plus important que son style, sa façon de s’exprimer ou même sa personnalité et sa passion, il y a le fait qu’il croie que la Parole de Dieu, dans sa totalité et en tout point, est vraie et qu’elle est destinée à nourrir les brebis du pâturage de Dieu.

C’est le modèle que John Piper nous donne. C’est ce que nous devrions être en tant que responsables d’Églises. « Si nous voulons nourrir nos fidèles, nous devons toujours progresser dans la compréhension de la vérité biblique. Nous devons être comme Jonathan Edwards qui a pris la résolution suivante à l’époque de ses études universitaires et qui s’y est attaché toute sa vie : “Résolu d’étudier les Écritures avec tant d’assiduité, de constance et si fréquemment que ma croissance dans leur connaissance me soit évidente[3]”. »

Le pouvoir stimulant de la doctrine biblique

Nous devrions avoir l’ambition de grandir dans notre capacité à articuler soigneusement et fidèlement la doctrine biblique, puis à la communiquer avec clarté, précision et passion. Non pas pour impressionner nos collègues pasteurs ou émerveiller les membres de notre Église. Mais pour que nous puissions paître les brebis. Nos fidèles ont besoin de viande pour devenir forts et matures, mais trop souvent nous sommes responsables de l’arrêt de leur développement, puisque tout ce que nous leur donnons à manger, c’est du lait.

Beaucoup d’entre nous, je pense, craignent que la doctrine ne devienne tout simplement le bois mort de l’orthodoxie dans notre Église. Alors nous l’éliminons chaque fois que nous le pouvons. En fait, la doctrine est le combustible que Dieu nous a donné et qui, lorsqu’il est allumé par les feux de la grâce, brûle et devient la dévotion ardente de l’adoration et du discipulat chrétiens.

Notes :

[1] John Piper, Que les nations se réjouissent ! : Dieu au cœur de la mission, Marpent, France, BLF Éditions, 2015, p. 21

[2] John fait ressortir ce point partout. Cette citation provient de Brothers, We are Not Professionals. A Plea to Pastors for Radical Ministry [Frères, nous ne sommes pas des professionnels : un plaidoyer pour un ministère radical], trad. libre, Nashville, Broadman & Holman, 2002, p. 45.

[3] Ibid., p. 74.


Cet article est adapté du livre : « Guide pratique de théologie biblique » de Michael Lawrence