Comment faire face à la prospérité? (Octavius Winslow)

Le Seigneur traite ses enfants selon sa propre souveraineté sainte. Il ne les conduit pas nécessairement d’une seule manière ou selon une unique voie. Son sourire brille-t-il sur vous en ce moment? Traversez-vous un été spirituel, et la mer est-elle calme et sans remous? Assurez-vous alors de marcher dans l’humilité devant votre Dieu. Comme le dit la Parole: «Ne t’abandonne pas à l’orgueil, mais crains» (Rom 11.20).

Si, dans sa providence, Dieu vous a quelque peu élevé dans le monde, vous avez besoin d’assiéger son trône pour qu’il vous accorde une grande mesure de grâce et qu’il garde votre esprit dans l’abaissement et dans la poussière devant lui. Vos semblables admirent-ils vos talents, chantent vos dons, acclament vos œuvres et cherchent votre compagnie? Combien il vous faut alors marcher avec Dieu dans l’humilité, la douceur et une grande attention! Cette mesure d’adulation qui se pose pour un temps sur vous s’avèrera un fléau pour vos grâces si vous ne venez pas vous agenouillez devant Dieu. Les paroles flatteuses qui vous parviennent à l’oreille se révéleront être la mouche qui gâche l’huile de votre âme, à moins que vous ne restiez très proche du pied de la croix.

Que toute circonstance et tout état que vous traversez vous amènent en ce lieu béni, qu’il s’agisse de la bise glaciale ou d’une douce brise d’été, des sombres nuages de l’adversité ou du soleil de la prospérité. Ne cessez pas de venir dans l’humilité devant la croix du Sauveur. En cet endroit-là, rien ne peut vous faire de mal.

Veillez, de sorte que la période de prospérité extérieure soit le temps de la fertilité de votre âme. Prenez garde à ce que toute miséricorde vous conduise à Dieu. Transformez toute nouvelle bénédiction en une motivation renouvelée pour ne pas vivre pour vous-même, ou pour ne pas vous reposer sur vous-même mais sur Celui qui en est la source, et pour vivre pour lui seul.

Nos pires états nous amènent à Christ

Mais, il ne vous reste peut-être que vos pires états à amener à Christ, vos péchés quand ils se dressent devant vous, votre faiblesse quand vous en prenez conscience, vos corruptions quand elles se révèlent à vous. Sachez alors que, ce faisant, vous serez un sarment fertile du vrai Cep. Le croyant porte du fruit dans le fait même d’aller à Christ tel qu’il est.

En effet, quels sont les traits qui marquent l’état de l’âme quand celle-ci se rend ainsi auprès de la croix, si ce n’est la méfiance et l’abaissement de soi, de profondes conceptions de son propre néant, et des vues exaltées de la perfection de Christ? Ceci n’est-il pas un fruit précieux et de grande valeur? Je n’en connais pas de meilleur.

Que le croyant fertile porte ses regards aussi vers le temps de son départ de cette terre, vers ce jour où il arrivera dans une patrie plus saine et bienfaisante. Il n’y a rien au ciel, la demeure des saints de Dieu, qui puisse détruire la fleur de la grâce. Il n’y a pas de gelées hivernales, de soleil accablant aux mois de sécheresse, ni aucune tempête destructrice ou tornade dévastatrice.

Les choses anciennes ont disparu. Un nouveau ciel et une nouvelle terre, où habite la justice, les remplacent. Bienheureuse alors l’heure de notre délivrance! Ici-bas, le croyant vit «comme un lis au milieu des épines». Là-haut, il sera comme «un térébinthe de la justice», sur lequel la tempête ne se lève plus jamais et le soleil ne se couche pas.


Cet article est tiré du livre : Le déclin spirituel et son réveil de Octavius Winslow.