Comment cesser de vous plaindre (Daniel D. Henderson)

L’un des thèmes récurrents de la Bible est la tendance du cœur humain à se plaindre, soit aux autres, soit à Dieu. Une de ces deux réactions est inacceptable, l’autre peut être utile. Explorons la nature de la plainte – quand elle est acceptable et quand elle ne l’est pas.

Les descriptions de plainte

Se plaindre est défini comme « l’expression d’un grief ou d’un mécontentement, généralement contre les actions et les attitudes des autres, y compris Dieu lui-même. »[1] La plainte apparaît trop souvent dans la Bible pour qu’il soit possible de tout documenter ici. Parmi les exemples les plus notables, on peut citer Moïse se plaignant au Seigneur du sort des Israélites sous Pharaon (Exode 5.22-23), puis, plus tard, du fardeau de conduire le peuple dans le désert. Nous trouvons des exemples où les Israélites se sont plaints de Moïse et d’Aaron (et de Dieu) dans le désert, lorsqu’ils doutaient des dispositions prises par Dieu pour eux ou ne les appréciaient pas (Exode 5.21 ; 14.11-12 ; 15.23-24 ; 16.2-3 ; 17.2-3 ; Nombres 11.1-10, 33 ; 14 ; 16.41 ; 20.2-5 ; 21.5-6 ; Deutéronome 1.27-28 ; Psaume 106.24-26). Jérémie s’est plaint au Seigneur de sa vocation misérable et du traitement qu’il recevait du peuple (Jérémie 15.10 ; 20.14-18 ; Lamentations 3). Marthe se plaignait du fait que sa sœur Marie ne l’aidait pas à la cuisine (Luc 10.14). Les faux enseignants sont décrits comme étant « des gens qui murmurent, qui se plaignent de leur sort » (Jude 16).

Pourtant, le Nouveau Testament est clair : « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations, afin que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irréprochables au milieu d’une génération perverse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde » (Philippiens 2.14-15). Jacques 5.9 ordonne : « Ne vous plaignez pas les uns des autres ».

Les sources de la plainte

La déception

Un cœur déçu se manifeste souvent par une langue qui se plaint. La déception a plusieurs facettes :

– Face à Dieu, parce qu’il n’a pas agi conformément à notre compréhension souvent erronée de ses voies.

– Face aux autres, parce qu’ils n’ont pas répondu aux attentes que nous avions établies pour eux afin qu’ils répondent à nos besoins.

– Face aux circonstances, parce qu’une situation n’a pas répondu à un désir que nous avions déterminé pour notre vie.

– Face à nous-mêmes, parce que nous n’avons pas été à la hauteur d’une norme subjective que nous avions établie.

La comparaison.

Toutes les comparaisons ne sont pas mauvaises. Parfois, nous pouvons voir la difficulté d’un autre et nous sentir humbles parce que notre vie est bénie par une grâce imméritée. Trop souvent, pourtant, c’est l’orgueil qui nous pousse à la comparaison. Lorsque les autres semblent inférieurs d’une certaine manière, nous pouvons nous réjouir de notre supériorité. Lorsque la comparaison nous est défavorable, nous pouvons nous apitoyer sur notre sort. Notre cœur malade et égocentrique finit par se manifester par des plaintes.

L’ingratitude

Lorsque nous doutons ou ne tenons pas compte de la bonté, de la fidélité et des provisions de Dieu, notre cœur devient ingrat. La réalité de cette condition du cœur donne lieu à des plaintes. Le mécontentement, l’insatisfaction et une attitude désagréable deviennent alors inévitables.

Les résultats de la plainte

Les autres sont infectés

Se plaindre peut engendrer d’autres plaintes. Cela peut devenir une maladie spirituelle contagieuse. Elle draine lentement la paix et la gratitude d’une situation ou d’une relation.

Le témoignage est endommagé

Quand les plaintes deviennent un style de vie, cela démontre des attitudes et des ambitions qui ne sont pas sous le contrôle du Saint-Esprit. Peu de choses peuvent endommager le bon témoignage chrétien d’une personne devant sa famille, ses amis, ses collègues de travail et ses connaissances non sauvées autant que le fait de se plaindre.

Les autres sont dégoûtés

En conséquence, une personne qui se plaint peut rapidement s’isoler des autres qui essaient de maintenir une vision saine de la vie. Aucune personne qui cherche à cultiver la joie, la gratitude et la croissance spirituelle n’apprécie de côtoyer un râleur.

Les antidotes contre les plaintes

Tournez-vous vers le Seigneur

Soyons honnêtes : nous sommes tous bombardés de circonstances difficiles. Les déceptions peuvent miner notre joie. La comparaison peut nous laisser un sentiment de défaite. L’ingratitude peut s’élever dans n’importe quel cœur. Mais la solution n’est pas de « cracher » sur les autres ou sur des passants innocents. Nous devons nous tourner vers Dieu en confessant honnêtement nos sentiments et en abandonnant notre cœur troublé. Lui seul peut nous donner une attitude transformatrice.

Adressez-vous au Seigneur

Lorsque nous reconnaissons nos plaintes devant Dieu, nous sommes moins enclins à nous en décharger sur les autres. De nombreux personnages bibliques ont déversé le contenu négatif de leur cœur devant Dieu. Le Seigneur connaît déjà les plaintes de votre cœur et lui seul peut vous aider à les trier. Dans les Psaumes 3, 6, 12, 13, 22, 44, 57, 60, 74, 79, 80, 85, 88, 90 et 139, nous trouvons des exemples de « lamentation », les auteurs exprimant leur désespoir, leur colère, leur protestation ou leur doute en réponse à des situations difficiles. D.A. Carson a noté que « l’Écriture ne tente pas d’effacer l’angoisse du peuple de Dieu lorsqu’il souffre. Ils discutent avec Dieu, ils se plaignent à Dieu, ils pleurent devant Dieu. Leur foi ne conduit pas à un stoïcisme aux yeux secs, mais à une foi si robuste qu’elle lutte avec Dieu. » Nous devons donc aussi « lutter avec Dieu » dans nos prières, notre lecture de la Bible, notre journal intime et nos pleurs. C’est la bonne façon d’évacuer et de gérer nos plaintes.

Faites confiance au Seigneur

Comme c’est le cas dans presque tous les psaumes de lamentation, la solution de l’auteur est de renouveler sa confiance dans le Seigneur. Nous aussi, nous devons nourrir notre esprit, notre volonté et nos émotions des vérités de la bonté, de la providence, de la puissance, de la grâce, de la miséricorde, de la compassion, de l’amour et de la fidélité de Dieu. Nous pouvons nous fier de tout notre cœur à qui il est et refuser de nous appuyer sur notre propre compréhension des choses (Proverbes 3.5-6). Cela doit être une résolution quotidienne et même de chaque instant.

De la plainte à la conquête

Lamentations 3 nous présente un des exemples bibliques les plus remarquables et les plus drastiques d’un changement de la plainte à la confiance. Je vous encourage vivement à le lire. Le prophète est déséquilibré lorsqu’il exprime ses plaintes et sa consternation devant Dieu. En conséquence, il avoue : « mon âme […] est abattue au-dedans de moi » (v. 20). Puis, après avoir abandonné sa plainte déchirante, il choisit de faire confiance au Seigneur (vv. 21-26) :

« Voici ce que je veux repasser en mon cœur,

Ce qui me donnera de l’espérance.

Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées,

Ses compassions ne sont pas à leur terme;

Elles se renouvellent chaque matin.

Oh! que ta fidélité est grande!

L’Eternel est mon partage, dit mon âme;

C’est pourquoi je veux espérer en lui.

L’Eternel a de la bonté pour qui espère en lui,

Pour l’âme qui le cherche.

Il est bon d’attendre en silence

Le secours de l’Eternel. »

Si vous luttez aujourd’hui contre un esprit de plainte, faites-en votre résolution quotidienne. Les plaintes disparaîtront. L’espoir abondera. La joie reviendra. Les relations s’amélioreront. Le Christ sera honoré.


[1] Manser, M. H. (2009). Dictionary of Bible Themes: The Accessible and Comprehensive Tool for Topical Studies. London: Martin Manser.


Copyright ©2022 Daniel D. Henderson. Tous droits réservés. Traduit avec permission par Sylvio Janelle.