Comment amener nos frères à la délivrance du péché ? (David Powlison)

Comment le ministère cherche-t-il à aider les personnes qui se trouvent sous l’emprise extrême du péché, aveuglées par le mensonge ? Trop de personnes estiment que la délivrance démoniaque est appropriée, une fois qu’un certain degré a été franchi et que le péché «normal » est passé au stade de « l’emprise ». Cette vision n’a aucun appui scripturaire. Nous avons déjà vu que Pierre a décrit les « liens de l’iniquité » de Simon et qu’il l’a confronté avec un appel simple à la repentance envers Dieu et une prière de demande de pardon. De même, lorsque Jésus a défini le ministère de Paul comme le fait de passer « de la puissance de Satan à Dieu » il l’a appelé à des choses intensément normales qui caractérisent le ministère de la Parole (Ac 26.18,20).

La Bible emploie un vocabulaire fort pour décrire l’aveuglement et la puissance d’asservissement de la seigneurie morale de Satan. Nous avons noté plus tôt l’asservissement aux ténèbres exprimé, par exemple, dans Éphésiens 2.1-3 et 4.17-19. Dans une autre lettre Paul parle ainsi : « Si notre Évangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent, pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ » (2 Co 4.3,4).
Comment recouvre-t-on la vue ? Certainement pas en chassant un esprit impur. L’Évangile est dévoilé par le Dieu dont la puissance a créé le monde et a ressuscité Jésus. Si quelqu’un se lève, c’est parce que Dieu fait briller la lumière de Christ dans les cœurs (2 Co 4.6). Les pécheurs sont aveuglés par le diable et ils sont coupables de choisir la cécité. Tous sont esclaves; mais nul n’est une marionnette. Dieu illumine ; les gens se tournent et croient.

L’impossibilité de s’en sortir nous-mêmes

Le portrait le plus puissant de l’esclavage moral, dans les pages des Écritures, se trouve dans 2 Timothée 2.25,26. Paul accumule des mots parlant de l’esclavage à Satan : moralement ignorants, insensés, piégés par le diable, capturés vivants par lui, obéissants à la volonté du diable. Dans le contexte, Paul décrit comment exercer un ministère envers ces personnes. Leur esclavage est plus que contrecarré par leur délivrance : la repentance conduisant à la connaissance de la vérité, un retour à leur bon sens, se dégageant des pièges du diable, étant libérées de la captivité de façon à ne plus servir sa volonté. Qu’est-ce qui change ainsi les gens? L’espérance que «Dieu leur donnera la repentance » (2 Ti 2.25). Il n’y a pas de possibilité d’autolibération, mais aucune emprise n’est trop forte. Rien de ce que nous puissions faire ne peut transmettre la vie ou briser les chaînes, mais nous pouvons jouer un rôle important. Étant donné la magnitude du problème, notre rôle dans la solution semble étonnamment modeste.

Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. Repousse les discussions folles et inutiles, sachant qu’elles font naître des querelles. Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience ; il doit redresser avec douceur les adversaires (2 Ti 2.22-25).

Le ministère envers des personnes asservies commence en fuyant nos propres propensions à l’esclavage, et il nous conduit dans la communauté de ceux qui invoquent le Seigneur et recherchent le caractère de Christ (notez les parallèles avec l’arsenal d’Éphésiens). Nous apprenons à faire l’œuvre de délivrance de Christ à la manière de Christ : exhalant le parfum de la bienveillance, communiquant des vérités pertinentes, nous montrant patients lorsqu’on nous cause des torts, corrigeant avec douceur, nous reposant sur le Seigneur. Jésus libère les esclaves en se servant de nous. Dieu nous dit ce que nous avons à faire pour libérer les esclaves. Il n’a pas besoin de nos tentatives de démonstrations de puissance.


Cet article est tiré du livre : Comprendre le combat spirituel de James K. Beilby