Christ et nos fardeaux (R.C. Sproul)

Il m’est arrivé par moments de faire des prières insensées. Quand j’étais en détresse, j’ai déjà crié à Dieu : « Pas plus que ça, Seigneur. Je ne pourrais pas supporter d’autres revers. Une goutte de plus, et c’en serait fait de moi. » On dirait que, chaque fois que je prie en ce sens, Dieu ajoute à mon fardeau. C’est comme s’il répondait à ma prière en me disant : « Ne viens pas me dire combien tu peux en supporter. »

Dieu connaît nos limites bien mieux que nous. Dans un sens, nous ressemblons énormément aux chameaux. Lorsque le fardeau du chameau est lourd, il ne demande pas à son maître de l’alourdir encore plus. Ses genoux tremblent un peu et il gémit sous sa charge, mais il peut en prendre encore plus avant que son dos ne casse. Dieu ne nous promet pas de ne jamais nous donner plus lourd à porter que nous le voudrions. Il nous promet plutôt de ne jamais nous donner de fardeau plus lourd que ce que nous pouvons porter.

Notons que Paul n’a pas dit : « Nous sommes légèrement pressés de toute manière. » Il a dit tout le contraire. À première vue, ses paroles semblent entrer en contradiction directe avec les promesses de Christ, qui a déclaré : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger » (Mt 11.28‑30).

Christ présent avec nous

Le fardeau que Christ nous confie ne me semble pas toujours léger. On dirait presque que, par ces paroles, Jésus nous aborde sous de mauvais prétextes. Il dit néanmoins vrai. Il procure effectivement le repos à ceux dont le fardeau est lourd. Les mots doux et léger sont des termes relatifs. Doux correspond à un degré de difficulté. Léger correspond à un degré de lourdeur. Ce qui est difficile à porter sans Christ devient beaucoup plus facile à porter avec lui. Le fardeau lourd à porter seul devient beaucoup plus léger à porter avec l’aide de Christ.

C’est précisément la présence et l’aide de Christ en période douloureuse qui nous permettent de supporter la pression. Grâce à Christ, Paul a pu déclarer triomphalement que, même s’il était pressé de toute manière, il n’était pas réduit à l’extrémité. Il se peut que nous nous sentions comme des véhicules dans un compacteur de ferraille, mais Christ nous garde, de sorte que la pression ne nous anéantit pas.

Souffrir sans Christ revient donc à risquer d’être réduit à l’extrémité. Je me suis souvent demandé comment les gens faisaient pour surmonter leurs épreuves sans puiser leur force en lui. Sa présence et sa consolation sont si cruciales que je ne m’en étonne pas quand les non‑croyants accusent les chrétiens de se servir de la religion comme d’une béquille. Rappelons‑nous la critique de Karl Marx selon laquelle « la religion est l’opium du peuple », l’opium étant un narcotique utilisé pour atténuer la douleur. D’autres ont reproché à la religion d’être un bromure que les faibles utilisent en période troublée. 


Cet article est adapté du livre : « Surpris par la souffrance » de R.C. Sproul