Christ est-il déjà revenu ? (John Piper)

Nous avons une question sur l’eschatologie aujourd’hui. La voici :

Bonjour, Pasteur John. Je suis professeur de sciences dans un lycée en Alabama. J’aime votre passion et votre joie centrée sur Christ. Je vous écris parce qu’une élève m’a récemment dit que son église croit que la seconde venue de Jésus a déjà eu lieu. Elle a dit qu’ils croient que le livre de l’Apocalypse a été écrit au sujet de la mise à sac de Jérusalem par Rome en 70 ap. J’ai été pris au dépourvu, car je n’avais jamais entendu quelqu’un dire que Jésus était déjà revenu. Je crois que le terme pour cette croyance est « prétériste ». Avez-vous déjà rencontré cette position ? Et comment y répondez-vous ?

Oui, j’ai déjà entendu cette position. Mais voyons si je peux faire la distinction entre un point de vue qui affirme que la seconde venue de Christ a déjà eu lieu et le point de vue qui considère qu’une partie du livre de l’Apocalypse fait référence à la destruction de Jérusalem en 70 après J-C.

Types de prétérisme

L’opinion à laquelle vous faites référence – à savoir que la seconde venue de Christ a déjà eu lieu – est une opinion très rare. Je ne pense pas qu’elle ait jamais été considérée comme orthodoxe. Elle est parfois appelée prétérisme intégral ou hyper-prétérisme. Le prétérisme est une approche du livre de l’Apocalypse qui soutient qu’une grande partie ou la totalité de celui-ci se situe dans le passé, et non dans le futur. Praeter signifie « passé » en latin, d’où le prétérisme. Le livre parlait du futur au moment où Jean l’a écrit, mais tout s’est déjà déroulé.

Ainsi, le prétérisme intégral, l’hyper-prétérisme – ce point de vue rare et peu orthodoxe, je pense – pense que tout le livre de l’Apocalypse, y compris la seconde venue, s’est déjà produit. La venue de Christ est interprétée de telle manière qu’elle ne fait référence qu’à sa puissance se manifestant dans diverses manifestations historiques, comme le sac de Jérusalem. Il n’est pas caché quelque part dans le monde – vous pouvez enlever cela de votre esprit ; ce n’est pas ce qu’ils veulent dire. Il n’est pas caché quelque part dans le monde parce qu’il est déjà revenu ; il est au ciel et il est « revenu » dans le sens où il s’est montré en jugement lors de la destruction de Jérusalem.

Maintenant, ce que l’on pourrait appeler le prétérisme partiel – c’est le type le plus courant et, je dirais, le plus orthodoxe – ne pense pas que la seconde venue de Christ ait déjà eu lieu, même si beaucoup des événements décrits dans l’Apocalypse se sont déjà accomplis dans l’histoire, y compris la destruction de Jérusalem.

La fin de l’histoire telle que nous la connaissons

La question que me pose cet enseignant est de savoir ce que je répondrais à un étudiant qui dit que son église croit que Jésus est déjà revenu et qu’il n’y a aucun espoir que Christ vienne sur les nuées, personnellement, corporellement, pour établir son royaume. Et la façon dont je répondrais est de lui dire :

Le livre de l’Apocalypse a laissé les chrétiens perplexes pendant deux mille ans, et je ne serai probablement pas capable de vous mettre d’accord sur ce point à partir du seul livre de l’Apocalypse. J’aimerais plutôt que vous examiniez avec moi quelques passages de l’Écriture, dans les lettres de Paul, qui, à mon avis, ne cadrent tout simplement pas avec le schéma selon lequel il n’y a pas de venue future de Christ pour le jugement et le salut.

Et je l’emmènerais à 1 et 2 Thessaloniciens, probablement – pas seulement, mais dans un premier temps. Dans 1 Thessaloniciens 4.13-18, Paul essaie de réconforter les croyants qui ont perdu des êtres chers dans la mort. Et la façon dont il les encourage n’est pas de souligner le fait qu’il y aura un jour un sac de Jérusalem. Il les encourage en montrant que ceux qui sont morts ne manqueront pas la venue de Christ parce qu’ils seront ressuscités des morts, de sorte que, avec les vivants, ils rencontreront le Seigneur dans les airs. Il dit :

Nous ne voulons pas, frères et sœurs, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui sont morts, afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. En effet, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, nous croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. Voici ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur : nous les vivants, restés pour le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts. En effet, le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel.

Laissez-moi m’arrêter là. Ce son de trompette à l’avènement est la façon dont Paul décrit la résurrection dans 1 Corinthiens 15.52. Il ne s’agit pas d’un moment de l’histoire, comme une bataille contre une ville. C’est la fin de l’histoire telle que nous la connaissons, marquée par la résurrection de tous les croyants qui sont morts. Il poursuit :

Et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous qui serons encore en vie, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.

Voilà la description d’une venue décisive de Christ qui rassemble tous les croyants, morts et vivants, en un seul peuple sous le règne de Christ. Il n’est pas possible de dire qu’il s’agit d’une référence à une visite invisible de Christ à un moment donné dans le passé.

Le Roi Jésus révélé

Et il devient encore plus explicite dans 2 Thessaloniciens, où il dit dans 1.7-10 que le Seigneur Jésus

apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour peine une ruine éternelle, loin de la présence du Seigneur et de la gloire de sa force lorsqu’il viendra, ce jour-là, pour être célébré parmi ses saints et admiré parmi tous ceux qui auront cru ; or vous avez cru à notre témoignage.

Ou comme il le dit au verset 6, il est juste aux yeux de Dieu « de rendre la souffrance à ceux qui vous font souffrir » et « de vous donner, à vous qui souffrez, du repos avec nous lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance » (verset 7). C’est le jugement de Dieu sur tous les non-croyants, et son sauvetage de tout le peuple de Christ. Dans 2 Thessaloniciens 2.3, 8, Paul soutient que le jour du Seigneur ne peut pas être déjà arrivé comme cela. Il y a des gens à Thessalonique qui pensaient : « C’est déjà arrivé ! C’est déjà arrivé ! » Et il dit :

En effet, il faut que l’apostasie arrive d’abord et qu’apparaisse l’homme de péché, le fils de la perdition . . . que le Seigneur détruira par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par la manifestation de son retour.

Et je dirais à mon jeune étudiant : « Je ne pense pas que ces références et bien d’autres à la seconde venue de Christ dans le Nouveau Testament puissent être légitimement interprétées comme des références symboliques à la destruction de Jérusalem il y a deux mille ans. »

Une espérance bénie

Dans tout le Nouveau Testament, la seconde venue de Christ est présentée comme un espoir précieux et béni de résurrection pour tous les croyants, de soulagement pour tous les saints vivants et de sauvetage de la colère à venir. À maintes reprises, le Nouveau Testament montre le peuple de Christ attendant avec impatience ce que Christ fera pour nous à sa seconde venue – non pas pour quelque chose qui s’est produit il y a longtemps, mais pour ce qu’il fera pour nous à sa seconde venue. Et voici un exemple avec lequel je terminerai :

Quant à nous, notre droit de cité est dans le ciel, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ. Il transformera notre corps de misère pour le rendre conforme à son corps glorieux par le pouvoir qu’il a de tout soumettre à son autorité. (Philippiens 3.20-21)

Et je regarderais mon ami étudiant droit dans les yeux et lui dirais : « Ni toi ni moi n’avons encore un corps aussi glorieux, car le Sauveur n’est pas encore revenu. Mais il reviendra. Et telle est notre espérance. »


Cet article est une traduction de l’article anglais « Did Christ Already Return? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.