Ce qu’enseigne la Bible sur la gourmandise (Elyse Fitzpatrick)

Dans l’Ancien Testament

Il est intéressant de noter le contexte dans lequel l’idée de gourmandise ou d’excès de table apparaît dans l’Ancien Testament. Dans Deutéronome 21.18-20, on peut lire :

Si un homme a un fils indocile et rebelle, n’écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu’ils l’ont châtié, le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu’il habite. Ils diront aux anciens de sa ville : « Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n’écoute pas notre voix, et qui se livre à des excès et à l’ivrognerie ».

Plus loin, dans Proverbes 23.20,21, on lit ceci :

Ne sois pas parmi les buveurs de vin, parmi ceux qui font excès des viandes : car l’ivrogne et celui qui se livre à des excès s’appauvrissent et l’assoupissement fait porter des haillons.

Qu’apprenons-nous de ces deux passages sur la gourmandise ? Dans le premier passage, le péché du fils désobéissant s’accompagne d’autres péchés : entêtement, rébellion et ivresse. De même, dans Proverbes, la gourmandise est connectée à d’autres formes de complaisance, notamment l’ivrognerie et la paresse. Un autre fait important, que l’on peut déduire des Proverbes, c’est que la complaisance est un comportement appris : un fils avisé a été averti de ne pas s’associer à des gloutons afin de ne pas adopter leurs habitudes.

Dans le Nouveau Testament

Il n’y a qu’une seule mention de la gourmandise dans le Nouveau Testament, dans Luc, au chapitre 7. On voit alors Jésus face à ses adversaires. D’une part, ils ont critiqué Jean-Baptiste pour son ascétisme, et d’autre part ils critiquent la liberté de Christ. Jésus répond : 

« Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : “C’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie” » (Lu 7.34)

Jésus appréciait les gens. Il a mangé chez des chefs religieux et chez ceux qui étaient considérés comme les rebuts de l’humanité. Il a mangé et bu sans jamais se livrer aux péchés de gourmandise et d’ivresse. Les pharisiens l’ont faussement accusé d’être un mangeur et un buveur, or nous savons que notre Seigneur était sans péché ; il a toujours fait ce qui était agréable à son Père.

Jésus ne considérait pas la nourriture comme mauvaise

Non seulement Jésus était à l’aise avec le fait de manger et de boire, mais il savait aussi ce qu’était le jeûne. Rappelez-vous qu’il a passé 40 jours dans le désert sans nourriture ! Il n’a pas ignoré son appétit pour autant. Au moins à deux reprises, il a veillé à ce que ses disciples ne manquent pas de nourriture, et il a accompli des miracles pour multiplier des aliments, leur évitant ainsi d’être affamés et de subir un préjudice. Il a enseigné à ses disciples de ne pas s’inquiéter de la nourriture, la vie étant, après tout, plus que la nourriture.

Il a instauré la sainte cène, la plus importante des célébrations chrétiennes, et a utilisé des aliments (le pain et le vin) pour rappeler à ses enfants sa mort et son retour proche. Même après sa résurrection, il a préparé sur la plage un petit-déjeuner de pain et de poisson pour ses disciples. Non, Jésus n’était pas un gourmand, mais il ne s’est pas pour autant privé de nourriture et ne l’a pas considérée comme mauvaise.

L’apôtre Paul fait écho à ce même point de vue dans sa lettre à Timothée. Il avertit Timothée au sujet de faux enseignants, qui enseignent « des doctrines de démons […] prescrivent de ne pas se marier, et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. Car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière » (1 Ti 4.1,3-5).

Nous devons recevoir la nourriture avec un cœur reconnaissant

Paul a enseigné que la nourriture a été créée par Dieu et qu’elle doit être partagée avec gratitude par les croyants. Il savait que toute la création de Dieu était bonne, et puisque cette création comprenait la nourriture, on n’avait pas à rejeter quoi que ce soit comme étant mauvais en soi. Je voudrais m’étendre là-dessus… Les bananes ne sont pas intrinsèquement mauvaises. (Mauvaise banane ! N’est-ce pas une pensée idiote !?) Même manger une banane n’est pas mauvais. Dans quel cas serait-il condamnable pour moi de manger une banane ? Si c’était par gourmandise ou manque de conviction. Il serait également répréhensible pour moi de manger une banane si je n’étais pas reconnaissante et si je n’avais pas demandé la bénédiction de Dieu au préalable. 

Paul enseigne de recevoir tous les aliments avec un cœur reconnaissant et de prier que Dieu les utilise pour notre bien. Si vous ne pouvez pas rendre honnêtement grâce à Dieu, avec un cœur pur, pour les aliments que vous mangez, vous ne devriez pas les manger. Si vous vous contentez de vous rassasier sans avoir la moindre pensée de gratitude pour la bonne provision de Dieu, si vous méprisez ce qu’il a déposé devant vous, vous commettez un péché.

Définir la gourmandise

Bibliquement, un glouton est « une personne avilie et excessive dans ses habitudes alimentaires. La gloutonnerie est plus que de trop manger. Associée à l’ivresse, elle décrit une vie livrée à l’excès ».

Voyez-vous le modèle qui se développe ici ? Le péché ne réside pas simplement dans le fait qu’on peut manger trop de chips, mais plutôt dans le fait qu’on mène une vie non disciplinée, donc d’excès. On ne vit que pour soi-même. Se permettre d’avoir ce qu’on veut, en quantité illimitée et quand on le désire, cela conduit à l’excès et à l’asservissement de la gourmandise. Pensez-y comme à la différence entre prendre un verre de vin avec le dîner et s’enivrer. La gloutonnerie est similaire au fait de s’enivrer avec de la nourriture. C’est manger et manger encore en ignorant ce que l’on ingurgite, sans le goûter, en se goinfrant jusqu’à se rendre malade, jusqu’à apaiser toutes ses envies, et cela inlassablement, jusqu’à en faire une habitude.


Cet article est tiré du livre : La vie est plus que la nourriture de Elyse Fitzpatrick