Avons-nous besoin de textes extrabibliques pour comprendre la Bible ? (John Piper)

Aujourd’hui, nous avons une question très spécifique, mais qui, je pense, attire l’attention sur des questions beaucoup plus vastes auxquelles nous sommes tous confrontés en matière d’interprétation de la Bible. La question spécifique qui nous est posée est la suivante : pourquoi l’auteur d’Hébreux insiste-t-il sur la suprématie de Christ sur les anges ? Cette question vient d’un jeune homme. 

« Pasteur John, bonjour ! Pourquoi pensez-vous que l’auteur d’Hébreux passe autant de temps à déclarer que Jésus est supérieur aux anges ? C’est surtout le cas dans les deux premiers chapitres. On pourrait penser qu’identifier Jésus comme Dieu et parler de la Trinité serait une meilleure façon de déclarer la vérité sur la grandeur de Jésus, de sorte que l’auteur d’Hébreux n’aurait pas besoin de comparer Jésus aux anges. L’accent mis sur les anges doit être présent pour une bonne raison ; je ne comprends tout simplement pas pourquoi ». 

Pasteur John, que diriez-vous ?

Je pense que cette question est peut-être fondée sur l’hypothèse qu’il existe une clé pour répondre à la question en dehors du livre d’Hébreux dans le milieu du premier siècle. Je n’en suis pas sûr, mais c’est souvent le cas, alors laissez-moi juste dire un mot sur cette hypothèse. Je veux dire quelque chose sur le rôle des informations du premier siècle qui viennent de l’extérieur de la Bible et qui sont utilisées pour interpréter la Bible.

Une mine d’or sous votre nez

Ce que je veux dire, c’est ceci : dans 99 % des cas, j’ose le dire, où quelque chose d’extérieur à la Bible pourrait éclairer le sens de ce qui se trouve dans la Bible, ce sont les détails précis et le contexte du texte biblique lui-même qui déterminent finalement si l’information provenant de l’extérieur de la Bible est décisive ou non. C’est très important.

En général, ce que nous lisons dans les documents du premier siècle s’applique de manière très générale, plutôt que de manière spécifique, à notre auteur particulier du Nouveau Testament ou à notre document particulier ou à notre texte et contexte particulier. Lorsqu’il s’agit de décider de la signification du texte, il est presque toujours possible que les mots et les phrases et le flux de pensée de ce livre, combinés à ce que l’auteur a dit ailleurs, en déterminent le sens.

Et je dis cela pour que le lecteur moyen de la Bible ne parte pas du principe qu’il y a une mine d’or de découvertes qui n’attend que d’être exploitée sur la signification de ce texte en dehors de la Bible. « Si seulement j’avais des heures et des heures et que je connaissais quelques langues ! Oh, je pourrais exploiter cette mine d’or de connaissances sur le sens de ce texte en dehors de la Bible ». Non. La mine d’or est sous votre nez, et elle est dans votre langue. C’est dans votre langue ! Et si pour chaque heure que vous passez à fouiller dans des documents du premier siècle en dehors de la Bible, vous passez cent heures à fouiller les détails des mots de l’auteur – les mots et les phrases de l’auteur du Nouveau Testament et les liens logiques et le flux de pensée et les vues plus larges dans ses écrits – vous trouverez de vastes richesses d’or que vous ne trouveriez jamais si vous passiez plutôt une heure avec la Bible et cent heures en dehors.

Découvrez les richesses de l’Écriture

Certains chercheurs continueront à débattre jusqu’à l’apocalypse de l’importance du culte des anges au premier siècle comme arrière-plan possible pour Hébreux, et de la forme qu’il a prise, ainsi que de l’importance que les apôtres ont pu lui accorder. Mais nous en sommes déjà conscients grâce à Colossiens 2.18 : « Que personne, par son goût d’une fausse humilité et du culte des anges, ne vous prive de la victoire. » Et de la tentation de Jean dans Apocalypse 22.8-9 : « Je tombai aux pieds de l’ange qui me les montrait pour l’adorer. Mais il me dit : “Garde-toi bien de le faire ! . . . Adore Dieu.” »

Mais est-ce là le contexte du livre d’Hébreux ? Sommes-nous sûrs que les églises auxquelles ce livre a été envoyé étaient confrontées à cette tentation ? Non, nous ne le savons pas. Ce serait pure conjecture que de tirer, à partir du fait général qu’il y avait une chose telle que l’adoration des anges au premier siècle, la conclusion spécifique que c’est la raison pour laquelle on trouve dans le livre d’Hébreux une telle insistance sur le fait de mettre Jésus au-dessus des anges.

Maintenant, voici où cela devient vraiment pratique : un prédicateur qui se lève et fait tout un plat du culte des anges au premier siècle comme arrière-plan d’Hébreux est comme un mineur qui transporte des morceaux de copeaux d’or dans la mine d’or d’Hébreux, où les murs sont brillants avec des veines d’or pur, attendant d’être creusés.

Jésus et les anges

Permettez-moi donc de mentionner plusieurs veines d’or pour notre ami qui a posé cette question – des veines qu’il pourra creuser lorsque nous aurons terminé.

1. Jésus n’est pas seulement un grand ange.

Tout d’abord, il suggère qu’il serait peut-être préférable pour l’écrivain de se concentrer sur la divinité de Christ plutôt que sur sa supériorité par rapport aux anges. Hmm. Eh bien, évidemment non, parce que ce n’est pas ce qu’il a fait. Et je pense que l’auteur d’Hébreux répondrait en disant : « Je ne parle pas des anges comme une alternative à la divinité de Christ ; je parle des anges comme un moyen de parler de la divinité de Christ. Une façon d’enseigner la divinité de Christ dans ma situation est de faire en sorte que les gens ne croient pas du tout qu’il est un ange supérieur. »

Ainsi, il dit dans Hébreux 1.6 : « Que tous les anges de Dieu l’adorent ! » Waouh, j’adore cette phrase. Cette phrase n’est pas une alternative au fait de parler de la divinité de Christ ; c’est un coup de tonnerre montrant la divinité de Christ. Que tous les anges du ciel et de l’enfer tombent sur leur visage et adorent Jésus, vrai Dieu de vrai Dieu. Vous n’osez pas adorer ce qui n’est pas Dieu.

2. C’est Jésus, et non les anges, qui apporte l’Évangile.

L’auteur prend une idée de l’Ancien Testament, qui pourrait conduire certaines personnes à élever les anges plus haut qu’elles ne le devraient, et il la retourne pour qu’elle ait l’effet inverse. Il se réfère dans Hébreux 2.2 à la loi mosaïque qui nous vient par les anges. Et il dit ensuite que puisque la loi transmise par les anges est survenue avec une telle autorité et conséquence, à combien plus forte raison est-ce le cas pour le message qui nous a été déclaré par le Seigneur (Hébreux 2.1-4) ? En d’autres termes, si vous êtes impressionné par le rôle des anges dans le don de la loi, soyez mille fois plus impressionné par le rôle de Jésus dans le don de l’Évangile.

3. Les anges servent pour notre salut.

En exaltant Jésus au-dessus des anges, il nous aide à connaître la place qui revient non seulement à Jésus, mais aussi aux anges – aux anges eux-mêmes – et à nous-mêmes. En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement de la supériorité de Jésus sur les anges. Ainsi, par exemple, dans Hébreux 1.14, lorsque les anges ne sont plus pensés comme étant en compétition avec le Fils de Dieu en termes de gloire, ils peuvent avoir leur vraie gloire, qui est – étonnamment – d’être nos serviteurs. C’est étonnant. Il dit : « Les anges ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour apporter de l’aide à ceux qui vont hériter du salut ? »

Ainsi, ces concurrents du Fils de Dieu en matière de gloire s’avèrent être nos serviteurs. Ah, oui. Il se passe plus de choses que nous le pensons. L’auteur a de multiples raisons de parler des anges.

4. La Bible parle à travers les cultures.

Dernière observation (et j’en oublie quelques-unes très juteuses, d’ailleurs) : gardez à l’esprit que la Bible dit parfois des choses qui semblent très étrangères à notre expérience, et nous nous demandons pourquoi une telle insistance pourrait être là. Par exemple, peu de gens en Occident aujourd’hui se demandent si la relation de Jésus avec les anges est ceci ou cela. Mais ne supposez pas que ce sera le cas lorsque la Bible sera traduite et lue dans des centaines d’autres cultures où cette insistance particulière pourrait être exactement ce que le Saint-Esprit utilisera pour éveiller tout un groupe de personnes à la réalité de la grandeur de Christ.

Et la raison pour laquelle je souligne cela est que je me souviens de l’histoire d’un missionnaire qui pensait que les généalogies étaient inutiles au début de Matthieu, puis il les a lues à une tribu de type âge de pierre, et ils étaient tout ouïe ; ils étaient fascinés. Et à la fin, ils ont dit : « Eh bien alors, il n’est pas seulement un esprit ! » Et ce sont les généalogies qui ont brisé le dos de l’incrédulité et de mille ans de ténèbres. Qui sait quelles cultures attendent ce message sur les anges en Hébreux qui pourrait faire exploser les choses en faveur de l’Évangile ?


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts