5 questions sur les anges (John MacArthur)

Qu’en est-il des anges gardiens (Mt 18.10) ?

La raison humaniste et superstitieuse, combinée au sentimentalisme, contribue pour beaucoup à l’idée d’anges gardiens individuels. Certains prétendent que l’idée est biblique, mais un examen plus attentif des textes avancés apporte une autre réponse.

On s’est appuyé sur Jacob (Ge 48.16) et sur le psalmiste (Ps 34.8) pour justifier l’idée d’ange gardien. Mais dans ces passages, il est question de « l’ange de l’Éternel » soit indirectement (dans G  48.16, Jacob fait référence à sa rencontre avec l’ange racontée dans Ge 32.24-30), soit directement (le psalmiste évoque les multiples apparitions de l’ange au cours de l’histoire d’Israël de Genèse à Juges). Aucun de ces textes ne parle d’anges gardiens personnels.

Après avoir échappé à l’incarcération grâce à l’intervention d’un ange (Ac 12.6-11), Pierre s’est rendu à la maison de Marie, la mère de Jean-Marc (12.12). Rhode, la servante, rapporta au groupe en prière que Pierre se tenait devant la porte. « C’est son ange ! » lui répondirent-ils (12.13-15). Cette réponse appelle deux explications possibles, mais aucune n’évoque un ange gardien. Premièrement, ils pensaient que Pierre avait été décapité, comme Jacques (12.1,2) et qu’il s’agissait d’une apparition post-mortem de Pierre (conformément à la superstition juive). Deuxièmement, il se peut que le mot grec angelos ici (12.15) désigne un messager humain qui vient rapporter la mort de Pierre, malgré leurs prières pour une autre issue.

Le texte le plus proche de l’idée d’ange gardien est probablement celui de Matthieu 18.10 : « Car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. » Mais ce passage ne dit nullement que chaque croyant a un ange gardien individuel ; tout au plus indique-t-il que les croyants dans leur ensemble bénéficient du ministère des anges en général au point que souvent plusieurs anges se mettent simultanément au service d’un seul individu ; ainsi, plusieurs anges ont emporté Lazare au ciel (Lu 16.22), une armée d’anges a combattu pour Israël (2 R 6.17) et des anges ont reçu de Dieu l’ordre de protéger ceux qui cherchent un abri à l’ombre du Tout-Puissant (Ps 91.11).

Cependant, la Bible ne précise ni comment, ni pour qui, ni à quel moment cette protection opère. L’Écriture atteste clairement que les anges sont des esprits qui exercent un ministère en faveur des élus (Hé 1.14), mais elle ne dit pas qu’il existe des anges gardiens individuels affectés à chaque personne en vie sur la terre.

Faut-il adorer les anges (Col 2.18) ?

Il ne faut pas adorer les anges (Col 2.18) ; les anges doivent adorer Dieu (Hé 1.6). Une espèce d’êtres créés (les humains) ne doit pas adorer d’autres espèces créées (anges, animaux, nature, étoiles dans le ciel). L’Écriture montre systématiquement des anges en train d’adorer Dieu, et refusant toujours d’être eux-mêmes adorés (És 6.1-4 ; Ap 5.8-14).

Au début de leur histoire, les Israélites ont non seulement été exhortés à adorer Dieu, mais il leur fut aussi interdit d’adorer tout autre objet (Ex 20.1-5 ; 34.14 ; De 11.16 ; 30.17 ; Ps 31.7 ; 97.7). Cette désobéissance était toujours frappée d’une sanction sévère (Ex 32.1-10).

Dans le désert, Satan (un être créé) a tenté Christ. Il lui a proposé tous les royaumes de la terre avec leur gloire à condition que le Sauveur se prosterne devant lui et l’adore. Christ a immédiatement repoussé cette suggestion en citant Deutéronome 6.13. En prime, il lui a dit : « Déguerpis, Satan ! » (Mt 4.10 ; Lu 4.8.)

Plus tard, dans le Nouveau Testament, des gens ont voulu adorer d’abord Pierre (Ac 10.25,26), puis Paul et Barnabas (Ac 14.9-15). Dans les deux cas, les personnes à qui ce culte avait été adressé à tort l’ont immédiatement refusé. Vers la fin de la vie de Jean, l’apôtre était tellement subjugué par la présence angélique qu’il fut tenté de les adorer en deux occasions distinctes. Dans les deux cas, les anges ont refusé l’adoration de Jean et l’ont invité à adorer Dieu (Ap 19.9,10 ; 22.8,9).

Dans les préceptes qu’elle énonce comme dans la pratique qu’elle révèle, l’Écriture interdit le culte des anges, assimilé à de l’idolâtrie. Dieu seul mérite d’être adoré.

Qui a hébergé des anges (Hé 13.2) ?

L’enseignement d’Hébreux 13.2 selon lequel « quelques-uns ont logé des anges sans le savoir » ne doit pas constituer une motivation pour offrir l’hospitalité, mais plutôt pour dire qu’on ne peut jamais savoir quelle portée pourra avoir un acte de générosité (voir Mt 25.40,45). C’est précisément ce qui arriva à Abraham et Sara (Ge 18.1-3), à Lot (Ge 19.1,2), à Gédéon (Jg 6.11-24) et à Manoach (Jg 13.6-20). L’auteur de la lettre aux Hébreux ne suggère pas que les croyants devraient s’attendre à des visites d’anges. Il souligne seulement avec force que lorsqu’on pratique l’hospitalité biblique (1 Ti 3.2 ; Tit 1.8) on peut parfois être surpris par une bénédiction inattendue, comme l’illustrent les premières parties de l’Ancien Testament.

Dans quoi les anges désirent-ils plonger leurs regards (1 Pi 1.12) ?

Les anges ne sont pas restés étrangers au plan divin du salut. Ils ont annoncé la naissance de Christ (Lu 1.26-35 ; 2.10-14), se sont mis à son service lors des moments de tentation (Mt 4.11 ; Lu 22.43), se tenaient au tombeau quand il est ressuscité d’entre les morts (Mt 28.5-7 ; Mc 16.4-7 ; Lu 24.4-7) et ont assisté à son ascension (Ac 1.10,11).

Depuis, les anges se réjouissent chaque fois qu’un pécheur se repent (Lu 15.7,10). Les apôtres ont été livrés en spectacle aux anges (1 Co 4.9). Les anges se soucient des pasteurs qui pèchent de façon habituelle (1 Ti 5.21). Ils sont des esprits envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui héritent du salut (Hé 1.14). Après la mort, les croyants uniront leur adoration céleste à celle des anges (Ap 5.11-14).

Les anges sont suffisamment proches pour observer les apôtres, servir les saints, adorer avec les croyants dans le ciel et se réjouir du salut d’un individu, mais ils se concentrent intensément sur quelque chose d’autre. Comme Pierre, Jean et Marie qui se sont baissés pour scruter la tombe vide, ou comme l’homme qui plonge les regards dans l’Écriture (Ja 1.25), les anges s’efforcent de sonder le fruit du salut qui découle des souffrances de Christ sur la croix, de sa résurrection d’entre les morts et de son ascension au ciel.

Les anges sont animés d’une sainte curiosité pour comprendre la nature de la compassion et de la grâce auxquelles ils ne goûteront jamais. Les anges élus n’ont pas besoin d’être sauvés, et les anges déchus ne peuvent pas l’être. Mais les saints anges cherchent à comprendre le salut pour pouvoir mieux et davantage glorifier Dieu, ce qui est leur principale raison d’être (Job 38.7 ; Ps 148.2 ; És 6.3 ; Lu 2.13,14 ; Hé 1.6 ; Ap 5.11,12 ; 7.11,12).

Les Églises ont-elles des anges (Ap 1.16,20) ?

Les sept « étoiles » (Ap 1.16) sont les « messagers » des sept Églises (Ap 1.20). La plupart des traductions anglaises et françaises utilisent le mot « ange » plutôt que « messager » pour traduire le terme grec angelos. Pourtant, il vaudrait mieux, ici, conserver le sens plus général de ce vocable, celui de « messager », et laisser le contexte interpréter sa signification.

Angelos est un terme qui s’applique aux bons anges (Ap 5.11) comme aux mauvais (Mt 25.41). Le Nouveau Testament l’utilise fréquemment aussi à propos des messagers humains (Mt 11.10 ; Mc 1.2 ; Lu 7.24 ; Ja 2.25). Dans la Bible, « l’étoile » peut désigner plusieurs choses : une étoile au sens habituel (Ap 6.13), un démon (Ap 9.1), un être humain (Ap 12.1), Christ (Ap 22.16) ou un ange (Job 38.7). Dans la littérature ancienne, il était courant que le terme « étoile » représente un personnage important (Da 12.3). La société d’aujourd’hui a ses « étoiles », ses « stars » et même ses superstars !

Ayant ces choses présentes à l’esprit, on peut proposer trois interprétations du terme « étoile » dans notre contexte d’Apocalypse 1. Certains estiment que le vocable désigne « l’attitude » de l’Église. Pour d’autres, il s’applique à de vrais anges. Pourtant, dans notre contexte, l’idée d’un être humain semble plus satisfaisante.

Premièrement, l’Ancien et le Nouveau Testaments utilisent les termes « étoile » et « messager » pour désigner des êtres humains. Deuxièmement, dans la Bible, jamais des anges n’occupent une position d’autorité dans l’Église. Troisièmement, une solide ecclésiologie a conclu que Christ n’écrit pas à des anges, mais à des êtres humains (Ap 2.1,8,12,18 ; 3.1,7,14). Enfin, ce sont des hommes et non des anges qui sont responsables devant Dieu de conduire l’Église (Hé 13.17) ; les anges sont extérieurs à l’Église la scrutant avec curiosité (1 Pi 1.12).

Les sept « messagers » représentent en fait le leadership humain de l’Église, à savoir les évêques (anciens, surveillants). Ils sont dans la main droite de Christ et représentent le pouvoir de Christ sur ses Églises. L’image rappelle aux dirigeants qu’ils conduisent l’Église, revêtus de l’autorité de Christ et non de la leur.


Cet article est adapté du livre : « Théologie systématique » de John MacArthur