5 leçons importantes concernant la revitalisation de l’Église (Brian Croft)

La première décennie durant laquelle j’ai travaillé à la revitalisation d’une Église a été remplie de moments de joie, même si certaines périodes ont été caractérisées par la souffrance. Aujourd’hui, je suis en mesure de voir comment le Seigneur n’a jamais cessé de me guider à travers toutes ces années ; que ce soit dans les moments de joie ou de souffrance. L’agitation de mon âme, alors que je marchais à travers cette période difficile, a révélé certaines idoles qui ont eu de lourdes répercussions au sein de mes relations, mais aussi dans ma propre vie. Je ressentais de plus en plus le poids lié au perfectionnisme, au désir d’approbation et à la volonté de tout contrôler, menant à des moments de grande anxiété. Ce n’est que vers la fin de cette première décennie que j’ai réalisé ce côté sombre et caché de ma vie spirituelle, et que j’ai pu commencer à laisser l’Évangile pénétrer et agir dans mon cœur. En méditant sur ces années difficiles, j’ai réalisé comment les leçons apprises lors de cette période ont été bonnes et importantes. J’ai voulu prendre soin d’une Église brisée et en difficulté alors que j’étais tout autant brisé, sinon plus, que cette Église. Voici cinq leçons apprises lors de mes premières années de ministère de revitalisation.

La patience

Lorsque j’ai commencé le ministère de revitalisation de l’Église, je croyais être une personne patiente. En effet, j’ai enduré les critiques, les jugements et même persévéré alors que certains membres complotaient contre moi pour que je puisse être démis de mes fonctions. Mon attitude face à ces situations reflétait, selon moi, mon niveau supérieur de maturité et de spiritualité. Plus le temps passait, plus je réalisais toutefois que ce sont les membres de cette Église – qui ont été largement éprouvés par plusieurs pasteurs dans le passé – qui ont démontré le plus de patience. Ils ont attendu patiemment que je grandisse en tant que pasteur. La veuve de 85 ans qui a si souvent critiqué mes prédications au début de mon ministère a eu raison de le faire. Les membres ont été patients avec moi alors que j’ai fait de nombreuses erreurs en tant que pasteur débutant. Ils ont continué à démontrer de la patience envers moi alors que j’effectuais plusieurs changements qu’ils ne comprenaient ou n’approuvaient pas, essayant tant bien que mal de faire confiance aveuglément à un homme avec peu d’expérience et assez jeune pour être leur petit-fils. Finalement, je ne devrais pas être considéré comme quelqu’un qui a souffert, mais plutôt comme quelqu’un à qui l’on a montré beaucoup de grâce. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de rester plus longtemps dans cette Église.

La douceur d’un amour difficile

Nous désirons d’emblée être approuvés – autant pour de ce qui est de notre ministère que par rapport à notre personne – et nous croyons que c’est ce genre de croyants extrêmement favorables envers notre ministère que nous voulons dans notre Église. J’ai cependant constaté que la récompense et la joie sont d’autant plus grandes lorsque nous réussissons plutôt à gagner les membres qui sont hostiles envers nous et qui sont plus difficiles à aimer. Bien qu’une majorité de personnes me soutiennent désormais dans l’Église, les relations les plus significatives et profondes que j’ai aujourd’hui sont avec les membres que j’avais du mal à aimer ; ceux avec qui j’ai eu de nombreux désaccords et avec qui j’ai pu grandir spirituellement en apprenant intentionnellement à les aimer. Être accueilli chaque dimanche matin avec un sourire et une accolade de la part de l’homme qui a mené une campagne contre moi lors de ma cinquième année de ministère continue de m’émouvoir aujourd’hui. En effet, je ne peux qu’être témoin de la grâce rédemptrice de Dieu chaque fois que nous nous voyons, ce que je n’expérimente pas nécessairement avec ceux qui m’ont toujours soutenu et approuvé.

L’épreuve amène une nouvelle perspective

Dans sa grâce souveraine, Dieu utilise les pires moments de notre vie pour nous amener dans une attitude de reconnaissance envers lui, mais aussi pour nous offrir une perspective unique face à différentes situations : à cause des épreuves que j’ai eu à affronter à travers mon ministère pastoral, j’ai pu acquérir une toute nouvelle expérience quant à la prise de décisions que peu détiennent dans l’Église. Ainsi, lorsqu’un nouveau leader fraîchement sorti de l’école biblique angoisse au sujet d’une dizaine de membres qui demeurent tièdes dans leur relation avec Dieu ou à propos de ceux qui ne reviennent plus depuis longtemps aux rassemblements du dimanche, je réalise qu’il n’a pas connu la douleur, la sueur et les larmes liées au devoir d’enlever 485 personnes de la liste des membres. Il ne sait pas combien il est difficile d’être pointé du doigt d’une manière menaçante et terrifiante lors des réunions de diacres. Puisque que je suis un des seuls qui a été témoin et qui a persévéré à travers cette crise, je réalise maintenant que ma perspective quant à la prise de décision est différente de celle des nouveaux venus. À travers les épreuves, Dieu nous fait grandir en sagesse et en discernement. Rien n’est plus efficace pour la croissance d’un pasteur qu’une sagesse provenant de cicatrices qui témoignent des épreuves traversées.

La souffrance est inévitable

Si vous êtes l’un de ces pasteurs qui espèrent qu’ils ne souffriront jamais, vous devriez songer à changer d’emploi. Vous seriez surpris de connaître le nombre de pasteurs qui sont prêts à abandonner leur ministère après deux ans de service parce qu’ils sont finalement confrontés à l’épreuve et à la souffrance. Lorsque je me mets à parler avec eux de leurs découragements et des difficultés auxquelles ils font face, je finis toujours par leur demander s’ils croyaient qu’ils n’allaient jamais rencontrer d’adversités à travers leur ministère. Ironiquement, il arrive fréquemment que ces pasteurs soient persuadés que les épreuves constituent un appel au changement de ministère de la part de Dieu.

Pourtant, l’apôtre Paul voit plutôt, dans la présence d’adversités, un appel à demeurer dans le ministère : « Je resterai néanmoins à Éphèse jusqu’à la Pentecôte ; car une porte grande et d’un accès efficace m’est ouverte et les adversaires sont nombreux » (1 Co 16.8,9). En devenant pasteurs, nous n’avons pas d’autre choix que d’être confrontés éventuellement – nous et notre famille – à une guerre spirituelle. Pourquoi, alors, sommes-nous constamment surpris lorsque l’ennemi attaque le ministère pastoral, surtout quand celui-ci est déjà en difficulté depuis des années ? Charles Simeon a d’ailleurs déclaré : « Frères, ne soyons pas dérangés par un peu de souffrance. » Nous aurons à y faire face, frères, mais n’ayez crainte, tout ira bien.

Un Berger souverain et inébranlable

Le souverain Berger n’abandonne jamais ses « sous-bergers ». Christ promet de ne jamais oublier ses brebis ; c’est ce que nous prêchons régulièrement et nous devrions, bien entendu, continuer de le faire. Combien, alors, est-ce encore plus vrai de la part de ceux qui sont appelés à prendre soin des brebis ? J’apprécie les enfants en général et, par conséquent, je ferais tout en mon pouvoir pour les défendre. Si, par contre, quelqu’un s’en prend à mes enfants, méfiez-vous ! À la manière d’un père avec ses enfants, Christ est avec nous en tout temps ! Il sait tout et il est près de nous, œuvrant dans nos vies, même lorsque nous ne le voyons pas. Comment pourrions-nous croire qu’il ne se donnera pas corps et âme pour ses fidèles serviteurs qui souffrent et qui prennent soin de ses brebis ?

Voici donc la leçon essentielle pour tous les pasteurs travaillant à la revitalisation d’une Église : Jésus est avec nous ! Il est notre bouclier pendant les réunions des diacres. Il est près de nous alors que nous nous faisons réprimander publiquement. Il est triste lorsque ses brebis nous attaquent, faute de compréhension et de confiance. Il demeure notre défenseur lorsque les loups rôdent près du troupeau pour lui faire du mal. Le souverain Berger n’abandonne jamais ses bergers ! Il est avec nous et nous donne la grâce pour que nous demeurions fermes dans ce ministère qui vise à prendre soin de ses brebis pour lui jusqu’à son retour.

Chers frères et amis pasteurs, sachant combien le souverain Berger prend soin de nous, prenons courage ! Demeurons fermes. Notre Dieu miséricordieux et souverain a un plan pour nous, peu importe ce à quoi nous devons faire face. Si nous persévérons, ce plan deviendra de plus en plus évident et il nous gardera joyeusement dans notre ministère. Avons-nous la foi de le croire ? Avons-nous la certitude que Christ nous accompagne à chacun de nos pas ? Si nous répondons par l’affirmative à ces questions, nous pouvons alors endurer les plus grandes tempêtes et les pires Églises avec résilience puisque nous avons l’assurance que le souverain Berger demeure avec nous.