4 éléments d’une prédication centrée sur l’Évangile (Paul Washer)

Le pouvoir des mots est dans leur sens. Il ne suffit pas de citer par cœur certaines affirmations de l’Évangile ; nous devons aussi veiller à les expliquer. C’est pourquoi l’évangéliste doit aussi être un scribe, et le prédicateur, un enseignant. Notre déclaration audacieuse de la mort et de la résurrection du Christ doit être accompagnée d’une explication biblique, réfléchie et claire de la signification exacte de ces événements. Les quatre applications suivantes sont là pour prouver ce besoin.

Premièrement, la prédication de l’Évangile exige que nous proclamions aux hommes, avec hardiesse, que Christ est mort pour leurs péchés.

Bien qu’il n’y ait pas de doute sur le fait que le Saint-Esprit puisse utiliser ces six mots pour sauver le pire des hommes, rien dans les Écritures ne permet d’affirmer que nous devrions laisser sans explication cette vérité d’une importance inégalée[1]. Les hommes ne peuvent pas bien comprendre la signification de la mort du Christ sans également comprendre quel a été leur péché. Par conséquent, nous devons nous efforcer, non seulement de leur faire connaître la nature du péché et leur état de pécheur, mais aussi de leur enseigner que Dieu est juste et qu’il hait le péché, quelle que soit sa catégorie ou sa gravité. Nous devons le faire avec franchise et compassion, de la même manière qu’un bon médecin cherche à expliquer à son patient la gravité de sa maladie afin de l’inciter à chercher, sans délai, un remède[2]. Ce travail de préparation, ce « labourage des cœurs », est absolument indispensable dans la véritable prédication de l’Évangile. N’oublions pas que « Moïse s’inclina à terre et adora » aussitôt après que le Seigneur a fait l’importante proclamation de ses propres attributs[3]. Et ce n’est qu’après la révélation par Dieu des justes exigences de la loi que le péché de Paul lui a été dévoilé, que sa suffisance a été détruite et qu’il s’est converti[4].

Deuxièmement, la prédication de l’Évangile nécessite que nous annoncions aux hommes la vérité selon laquelle Christ est mort selon les Écritures.

Bien que ce soit l’une des déclarations les plus puissantes de la Bible, son impact sur le cœur humain croît de façon exponentielle à mesure que la prédication de l’Évangile dévoile correctement ses vérités et ses implications. Aussi devons-nous travailler de concert avec les Écritures pour expliquer aux hommes la nature exacte et les implications de la mort de Christ. Christ est mort, non seulement à cause de notre péché, mais aussi en raison de la nature de Dieu : il est juste et ne peut justifier ou pardonner les méchants sans avoir d’abord satisfait les exigences de sa justice[5]. Christ n’est pas simplement mort ; il a pris la place de son peuple, a porté sa culpabilité, a subi la colère de Dieu et a versé son sang[6]. Par sa souffrance, la justice divine a été satisfaite ; la colère de Dieu a été apaisée, afin que ce dernier puisse être juste tout en justifiant ceux qui ont mis leur confiance en lui[7].

Presque tous les ouvrages théologiques classiques au sujet de la croix de Christ établissent et expliquent ces vérités au travers des doctrines de l’expiation, de la substitution pénale, de l’imputation, de la propitiation et de l’expiation. Ces doctrines ne sont pas extravagantes, inutiles ou inaccessibles. Au contraire, ce sont les vérités essentielles de l’Évangile. Elles peuvent et doivent être prêchées à tous les hommes, aux croyants comme aux non-croyants. Ceux qui disent qu’elles sont trop profondes pour qu’une personne ordinaire les comprenne suivent l’exemple des anciens papes, qui brûlaient les bibles sous prétexte que le peuple de Dieu était trop ignorant pour les lire.

Troisièmement, la prédication de l’Évangile nécessite que nous informions les hommes du fait que Christ est ressuscité d’entre les morts le troisième jour.

Cependant, pour que cette proclamation ait un impact sur l’homme du xxie siècle, nous devons également exposer l’importance et les implications de la résurrection. Il nous faut proclamer que, par la résurrection, Dieu a confirmé publiquement la filiation divine de Jésus, et prouvé qu’il avait accepté l’œuvre rédemptrice de ce dernier en faveur de son peuple[8]. Nous devons expliquer comment la résurrection pose les fondements de l’ascension de Christ. Elle est la preuve que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que nous avons crucifié[9]. Nous devons proclamer que Dieu a souverainement élevé le Christ et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout autre, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse et toute langue confesse qu’il est Seigneur[10]. Nous devons avertir les hommes que la résurrection du Christ prouve, non seulement que le monde a un Sauveur, mais aussi que l’univers a un Roi souverain qui attend que les membres de son peuple soient rassemblés et que ses ennemis deviennent son marchepied[11]. Il reviendra et jugera le monde selon la justice[12]. Par conséquent, tout homme, quel que soit son statut – l’indigent comme le roi –, doit faire preuve de discernement et rendre hommage au Fils, de crainte qu’il ne s’irrite et ne le fasse périr, car sa colère est prompte à s’enflammer. Toutefois, heureux sont ceux qui se confient en lui[13] !

Enfin, la prédication de l’Évangile implique que nous implorions les hommes à venir à Christ.

Cependant, notre supplication, comme notre message, doit rester biblique. Ne réduisons pas les commandements essentiels de repentance et de foi à la répétition de la « prière du pécheur ». Notre auditoire doit comprendre la repentance comme un changement d’état d’esprit et de mentalité qui englobe, non seulement l’intellect, mais aussi la volonté et les émotions. Elle doit saisir la foi qui sauve comme « une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas », ayant la pleine conviction que ce que Dieu a promis en Jésus-Christ, il peut aussi l’accomplir[14]. De plus, nous devons instruire ceux qui nous écoutent sur les preuves de la conversion. Avertissons-les que la véritable repentance porte ses fruits et que la foi sans les œuvres est morte[15]. Exhortons-les à s’examiner et à s’éprouver eux-mêmes pour voir s’ils sont dans la foi, ainsi qu’à s’appliquer à affermir leur vocation et leur élection[16]. Ne nous limitons pas à prêcher aux hommes un Évangile biblique, mais communiquons-leur aussi l’invitation biblique et une instruction adéquate par la suite. Ne les livrons pas à l’éternité avec pour seule sécurité la prière du pécheur et nos faibles paroles d’assurance qui résonnent à leurs oreilles !

Les brèves explications qui ont précédé ne sont que des fragments de l’insondable Évangile de Jésus-Christ, que nous sommes chargés d’annoncer aux nations. Nous devons dire à toute créature ce que Christ a fait, mais nous devons également en expliquer la signification et la réponse attendue. Les proclamations sont importantes, ainsi que le choix des mots, mais uniquement dans la mesure où ils sont correctement définis et appliqués. Il en va de même pour l’Évangile.

Il revient à l’évangéliste chrétien de mener à bien cette tâche importante : annoncer tel un messager et expliquer tel un enseignant[17]. Les Écritures regorgent d’exemples de ce genre. Philippe a amené à Christ l’eunuque éthiopien par l’explication des prophéties d’Ésaïe[18]. Priscille et Aquilas ont pris Apollos à part et lui ont expliqué plus exactement la voie de Dieu[19]. L’apôtre Paul a, pendant trois sabbats consécutifs, rencontré les Juifs de Thessalonique et discuté avec eux à propos des Écritures, « expliquant et établissant que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts[20] ». Enfin, il y a le plus grand Commentateur de tous, notre Seigneur Jésus-Christ, qui, par son incarnation, a révélé Dieu à l’homme et a expliqué, sur le chemin d’Emmaüs, l’Évangile à ses disciples perplexes : « Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait[21]. »


Cet article est tiré du livre : La puissance et le message de l’Évangile de Paul Washer


[1] Romains 1.16 ; 1 Corinthiens 2.2 ; 2 Timothée 2.15

[2] 2 Timothée 2.25 : « [Il] doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité […] »

[3] Exode 34.8

[4] Romains 7.9‑11

[5] Proverbes 17.15 ; Exode 34.6,7 ; Romains 3.23‑26

[6] Hébreux 9.22

[7] Ésaïe 53.4‑6,10

[8] Romains 1.4 ; 4.25

[9] Actes 2.36

[10] Philippiens 2.6‑9

[11] Luc 20.41‑44 ; Actes 2.34,35 ; Hébreux 10.12,13

[12] Actes 17.31

[13] Psaumes 2.10‑12

[14] Hébreux 11.1 ; Romains 4.21

[15] Matthieu 3.8 ; Jacques 2.14‑26

[16] 2 Corinthiens 13.5 ; 2 Pierre 1.10

[17] Dans cet exposé, les termes « évangéliste chrétien » s’appliquent à tout chrétien qui prêche ou partage l’Évangile.

[18] Actes 8.26‑35

[19] Actes 18.26

[20] Actes 17.3

[21] Luc 24.27. Ici, le mot « expliqua » vient du grec diermeneúo, qui signifie « montrer le sens de ce qui est dit, expliquer ou exposer ».