3 catégories de personnes qui contribuent à l’unité et à la diversité dans l’Église locale (Brian Croft)

On constate une tendance grandissante dans nos Églises : celles-ci ne comptent souvent parmi leurs membres que des représentants d’une seule génération. D’un côté, il y a les Églises locales établies depuis longtemps qui, à cause de temps difficiles et d’un déclin constant, ont perdu toute vitalité et sont sur le point de fermer leurs portes. Généralement, ces Églises sont composées de fidèles plus âgés, issus de générations plus anciennes. D’un autre côté, il y a le mouvement d’implantation d’Églises qui grandit rapidement, dans lequel des implanteurs zélés sont prêts à enflammer le monde pour Jésus en utilisant ce modèle : choisir une ville, étudier la manière d’atteindre les jeunes travailleurs vivant là-bas mais n’allant jamais à l’église, puis implanter une Église locale. Ces Églises sont souvent multiculturelles, mais elles sont presque toujours composées de membres appartenant aux plus jeunes générations.

D’une manière étonnamment ironique, il semblerait que, parmi ces deux générations (la plus ancienne et la plus jeune qui composent ces deux types d’Églises), les membres les plus zélés et les plus dévoués à l’œuvre soient tous d’accord sur un point : l’autre génération est l’un des plus grands obstacles à la croissance de l’Église locale et du ministère. Chacune est convaincue qu’elle n’a pas besoin de l’autre. Pour qu’une Église puisse expérimenter véritablement la vie spirituelle, il faut que les générations soient unies. Dans une certaine mesure, dans chaque Église locale, il faut plus qu’une unité entre les générations ; il faut aussi une diversité de genres, de races, de catégories sociales et ethniques (Tit 2.1-10). « Qui est mon frère, et qui est ma sœur ? » Voici une question très importante qu’il faut se poser lorsque l’on se prépare à effectuer un travail de revitalisation. Peu importe à quel point il ou elle est différente de moi, est-ce que je vais aimer cette personne comme un frère ou une sœur en Christ ?

J’en ai déjà parlé ailleurs, mais je le répète : une division hostile entre des membres d’une même assemblée peut aspirer rapidement toute la vitalité d’une Église et la tuer. Quand vous tombez sur une Église qui a besoin de revitalisation, il s’agit trop souvent d’une Église constituée d’une seule génération, ou d’un seul type racial, ou d’une seule catégorie socio-économique. Le paradigme biblique qui favorise la santé de l’Église n’a aucun rapport avec les chiffres ou l’argent, même si beaucoup semblent le prétendre. La Bible nous parle plutôt de personnes très différentes qui se rassemblent par amour pour Jésus et pour les autres. La vie et la santé spirituelles surviennent dans l’unité de la diversité. Le Nouveau Testament enseigne que l’Église locale devrait être composée de personnes différentes afin que la diversité et l’unité dans l’Église manifestent la puissance de l’Évangile. L’exemple le plus évident de cette réalité biblique est révélé lorsque Paul explique à Tite ce à quoi les nouvelles Églises établies en Crête devraient ressembler :

Pour toi, dis les choses qui sont conformes à la saine doctrine. Dis que les vieillards doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la foi, dans l’amour, dans la patience. Dis que les femmes âgées doivent aussi avoir l’extérieur qui convient à la sainteté, n’être ni médisantes, ni adonnées aux excès du vin ; qu’elles doivent donner de bonnes instructions, dans le but d’apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être retenues, chastes, occupées aux soins domestiques, bonnes, soumises à leur mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas calomniée.

Exhorte de même les jeunes gens à être modérés, te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, et donnant un enseignement pur, digne, une parole saine, irréprochable, afin que l’adversaire soit confus, n’ayant aucun mal à dire de nous. Exhorte les serviteurs à être soumis à leurs maîtres, à leur plaire en toutes choses, à n’être point contredisants, à ne rien dérober, mais à montrer toujours une parfaite fidélité, afin de faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur.

Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres. Dis ces choses, exhorte, et reprends, avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise (Tit 2.1-15).

Le message central de Paul dans la lettre adressée à Tite est que l’Évangile de Jésus-Christ transforme les âmes et les cœurs, et en conséquence la manière dont nous vivons. Lorsque Paul projette d’établir des Églises en bonne santé, il commence par identifier ceux qui sont qualifiés pour être des leaders dans l’Église (les pasteurs-anciens, voir Tit 1.5-9), puis il dévoile les faux enseignants parmi eux, les imposteurs de l’Évangile qui affirment connaître Dieu, mais qui démontrent le contraire par leurs actions (Tit 1.16).

Ensuite, nous en arrivons au chapitre 2, quand Paul donne l’instruction à Tite d’enseigner aux disciples de Jésus comment vivre et manifester l’Évangile. Paul expose une idée contre-culturelle et même contre-intuitive. Il prévoit de rassembler les jeunes et les vieux dans l’Église, des croyants issus de divers arrière-plans ethniques, qui s’aiment les uns les autres et qui rendent manifeste l’Évangile aux yeux du monde au travers de leurs relations. Ce passage explique clairement quel est le projet de Dieu pour une Église locale en bonne santé, remplie de la vie de l’Évangile : Dieu veut que l’Église locale soit intergénérationnelle, multiethnique et marquée par la diversité.

Ce dessein de Dieu pour l’Église est particulièrement mis en évidence dans le deuxième chapitre de la lettre adressée à Tite. Ce chapitre est divisé en deux parties. Les versets 1 à 10 décrivent les différents types de personnes qui sont susceptibles de composer ces nouvelles Églises en Crête, leurs rôles, et comment ils rendent l’Évangile visible grâce à l’Église locale. Les versets 11 à 15 démontrent comment cet Évangile transforme et unit ces différents groupes. Il est important de remarquer que Paul ne donne pas des instructions à différentes Églises : chaque catégorie de personnes est représentée dans chacune des nouvelles Églises locales que Tite est en train de fonder.

Dans ce même chapitre, Paul s’adresse à trois différentes catégories de personnes qui représentent le dessein de Dieu concernant la diversité qui devrait se trouver dans une Église locale. C’est à travers l’unité qui existe entre ces différents groupes de personnes que le pouvoir transformateur de l’Évangile est manifesté.

La diversité manifestée

1. Jeunes et vieux

Paul instruit Tite que les plus vieux (v. 2,3) doivent montrer l’exemple aux plus jeunes (v. 4-8). C’est le cas en ce qui concerne les femmes plus âgées (v. 4), mais il est sous-entendu que cela devrait aussi faire partie du caractère des hommes matures, qu’ils soient jeunes ou plus âgés. Il ne faudrait pas ignorer que Paul est lui-même en train de modeler ce projet par ses instructions et le mentorat pastoral qu’il exerce à travers cette lettre destinée à Tite.

2. Hommes et femmes

Paul souligne le fait que les rôles des hommes et des femmes dans l’Église locale sont différents. Chaque groupe doit jouer son rôle. Les instructions adressées aux hommes et aux femmes varient probablement selon les pièges du péché dans lesquels les hommes tombent peut-être plus souvent que les femmes, ou inversement.

3. Maîtres et esclaves

Paul enseigne sur les liens entre maîtres et esclaves (v. 9,10). Il instruit les esclaves de se soumettre de façon dévouée à leurs maîtres en toutes choses. L’équivalent le plus proche que nous pouvons trouver dans nos relations contemporaines est le lien qui lie un employé à son employeur. Cela dit, au cours du premier siècle, nous constatons beaucoup d’autres problèmes qui exposent la diversité socio-économique de l’Église, y compris des problèmes de préjugés à différents niveaux.

Puisque ces différences existent, il est impossible pour tous ces différents groupes de s’aimer les uns les autres et d’être en communion les uns avec les autres en dehors de la grâce de Dieu manifestée et source de salut (v. 11). Jésus-Christ est venu sur terre et il s’est offert pour nous sur la croix. Il a porté la colère de Dieu « afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres » (v. 14).

Quelles sont ces bonnes œuvres qui rendent visible la puissance transformatrice de l’Évangile ? C’est lorsque jeunes et vieux, hommes et femmes, maîtres et esclaves se comportent comme Paul le leur a instruit (Tit 2.1-10). Au travers de ces instructions spécifiques et détaillées, Paul révèle le plan de Dieu pour l’Église locale : une assemblée locale, multiethnique, multigénérationnelle, composée de toutes sortes de personnes différentes qui montrent l’Évangile aux yeux de tous en refusant l’impiété et les désirs du monde ainsi qu’en vivant de manière sensée, pieuse, droite et juste (v. 12).

Les Églises qui ont besoin de revitalisation ont souvent perdu de vue qu’elles ont à la fois besoin d’unité et de diversité. Il arrive trop souvent qu’une Église soit confrontée à des conflits qui causent beaucoup de souffrance aux membres. Il se peut que des leaders se soient retirés de leur ministère à cause de cela. Beaucoup d’Églises existent parce qu’elles sont nées de divisions, à la suite d’un désaccord ou de conflits qui auraient pu être évités et qui n’ont jamais été résolus. Certaines assemblées perdent simplement de vue que l’Église doit être composée de pécheurs rachetés par le sang de Jésus, c’est-à-dire de personnes qui voient les choses, qui parlent et qui agissent différemment. Ainsi, en Amérique du Nord, à cause des tensions raciales entre les chrétiens blancs et les chrétiens noirs, les cultes du dimanche matin sont le moment de la semaine pendant lequel la ségrégation est la plus flagrante.

Une vie spirituelle durable découle d’une recherche du dessein de Dieu pour son Église. Pour cela, il faut que les plus vieux enseignent les plus jeunes, qu’ils soient leurs mentors, mais aussi que les plus jeunes recherchent la sagesse des chrétiens matures et dévoués, puis qu’ils prennent exemple sur eux. Cette vie spirituelle se manifeste aussi lorsque les hommes et les femmes jouent leurs rôles particuliers auprès d’autres hommes et d’autres femmes, quand les noirs, les blancs, les riches, les pauvres, les esclaves et les maîtres sont unis, parce qu’ils ont réellement été sauvés par le sang du Christ selon la puissance de l’Évangile. Là où l’on trouve cette unité, on trouve aussi la vie.

Un samedi matin, notre Église a vécu un moment décisif dans notre travail de revitalisation. Mike, un de nos jeunes frères célibataires venus d’Écosse, avait décidé de travailler à l’extérieur du bâtiment. Il avait décidé d’aller tailler des arbustes avec Howard et Mae, un couple qui faisait partie de l’Église depuis bien longtemps. J’ai tout de suite pensé aux problèmes que pourrait amener l’accent de Mike.

Disons simplement que Mae n’est pas Écossaise. Elle est du Kentucky ! Bien avant que Mike ne voie le jour, elle travaillait déjà dur pour planter ces arbres et ces arbustes. En plus de cela, Mike avait une petite expérience de la taille d’arbustes, en Écosse. Alors, mon autre préoccupation était qu’il aurait pu mal recevoir les instructions données par Mae concernant la bonne manière de procéder. Ils ont travaillé toute la matinée, et je n’ai rien entendu.

Le déjeuner touchait à sa fin. Mike et moi sommes sortis pour jeter un coup d’œil aux arbustes. Alors qu’il me montrait les fruits de leur labeur, Mike enchaîna et me dit à quel point il avait aimé travailler avec Howard et Mae. Il me raconta qu’il avait beaucoup aimé apprendre l’histoire de l’Église telle qu’ils la lui avaient racontée : ce qui se passait quand cet arbre avait été planté, quand ce buisson avait été placé à cet endroit, etc. C’était un vrai soulagement, mais il fallait que je parle aussi à Mae.

Le matin suivant, le dimanche, juste avant le début du culte, Mae s’avança vers moi avec un grand sourire : « Mon gars, qu’est-ce que je l’aime ce Mike ! Il travaille bien ! Je ne comprends pas grand-chose de ce qu’il raconte, mais je l’aime beaucoup. » Pouvez-vous voir, à travers cet exemple, à quel point l’Évangile est capable de nous unir ? Ces deux personnes d’âges différents, de sexes différents, de catégories sociales et économiques différentes et même de nationalités différentes auraient toutes les raisons de ne pas s’apprécier. Et pourtant, elles sont unies grâce à leur amour de Christ et de notre Église. Avec les yeux du cœur, elles sont capables d’avoir de la considération l’une pour l’autre, de s’estimer, et de se mettre à l’œuvre pour l’Église locale.

Alors, qui est mon frère et qui est ma sœur ? C’est tout d’abord et surtout chaque personne qui a placé sa foi et sa confiance en Jésus-Christ et qui est transformée par la puissance de l’Évangile. C’est un pécheur sauvé par la grâce de Dieu, quelle que soit sa génération, sa race, son ethnicité. Cela peut aussi être quelqu’un qui ne vit pas du tout les mêmes choses que vous, quelqu’un qui vit dans la précarité, ou qui parle une langue différente de la vôtre. Cela peut même être votre patron ou un de vos subalternes. Une Église qui a besoin de revitalisation doit s’attarder sur cette question : « Qui sont les personnes que nous n’accueillons pas volontiers dans notre Église ? » Les Églises divisées et mourantes ne sont pas en mesure d’expérimenter la véritable vie spirituelle durable, si elles n’ont pas envie d’accueillir et d’aimer tous ceux qui appartiennent à Christ. Peu importe dans quelle mesure ils sont différents de nous, s’ils appartiennent à Christ, ils sont nos frères et nos sœurs. Le projet de Dieu est que cet équipage hétéroclite qu’il a lui-même rassemblé, son peuple racheté, se place sous la bannière de « Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié », et expérimente un amour et une communion qui amplifie la puissance unificatrice de l’Évangile.